Faut-il parler de politique à ses enfants ? C'est la question que se posent bien des parents, à la veille du second tour de l'élection présidentielle. Mais c'est aussi là l'interrogation des grands noms de l'édition jeunesse. Tel que Bayard Jeunesse, qui aux côtés de l'institut de sondage Ifop, a ainsi demandé aux parents s'ils partageaient leurs opinions politiques avec leurs enfants ou ont l'habitude de le faire. Résultats ?
Les chiffres sont sans ambiguïté : 70% des parents parlent bel et bien de politique avec leurs enfants. Un chiffre conséquent qui démontre que la politique reste un sujet important dans le cadre de l'éducation. En outre, les parents ne se contentent pas de parler de politique, mais d'aborder le processus électoral.
Effectivement, 47% des parents se font accompagner par leurs enfants au bureau de vote et 32% d'entre eux les emmènent jusque dans l'isoloir, développe l'étude de Bayard Jeunesse et de l'Ifop. Pour ces parents, précise encore le sondage, "le cercle familial reste donc l'environnement privilégié pour commenter la politique, expliquer, débattre, partager, transmettre des valeurs et des convictions d'une génération à l'autre".
La politique demeure donc au coeur des conversations familiales, tout du moins, elle représente une facette importante au sein des échanges et de la transmission. Ainsi, développe le sondage, parmi les parents qui se disent "très intéressés par la politique", 91% déclarent en parler avec leurs enfants. Bien que de manière plus globale, 39% seulement des parents interrogés avouent parler "régulièrement" de sujets politiques à leurs enfants. En outre, 56% des enfants "ignorent pour quel candidat votent leurs parents".
Cependant, 57% des parents "ont l'intention de dire et d'expliquer à leurs enfants quel candidat ou parti ils soutiendront" dans le cadre de cette élection. On observe là un besoin clair d'ouvrir la conversation. Un besoin civique.
Comme l'énonce ainsi le site Ma Grande Taille, parler de politique à son enfant "lui permettra, assez tôt, de se construire en tant que citoyen.ne responsable et de prendre conscience des différences qui règnent autour de lui.elle". Un processus de conscientisation donc.
Ainsi recommande-t-on aux parents d'aider leur enfant à s'informer (en faisant les bonnes recherches), mais aussi et avant tout de communiquer avec les bons mots (pas de charabia, expliquer les termes qui comptent et le fonctionnement des institutions politiques ainsi que du processus électoral), sans avoir peur, par-delà cette factualité, de partager ses opinions politiques pour "faire débat".
"On peut tout à fait lui dire 'voilà ce que je pense' mais ajouter que d'autres personnes peuvent avoir un point de vue différent et tout à fait respectable. Que l'on peut en discuter, écouter le point de vue de l'autre, débattre et répondre à ses arguments. L'idée, c'est de l'aider à réfléchir et à se forger sa propre opinion", détaille à BFM TV l'écrivain Denis Langlois, auteur de La Politique expliquée aux enfants, et aux autres.
Un dialogue qui doit se poursuivre à l'adolescence. "Aborder la politique avec les enfants et les ados pousse à définir les termes. Il ne faut ainsi pas hésiter à être le plus précis possible et à répondre à toutes les questions, souvent en cascade. Expliquer, définir, ce n'est pas simplifier ni bêtifier, c'est pousser la réflexion et s'élever", assure, toujours au site d'informations de BFM, l'autrice Sylvie Baussier (Les Élections, questions/réponses).
Une opinion que partage Delphine Saulière, directrice des magazines -12 ans à Bayard Jeunesse (Pomme d'Api, Astrapi, J'aime Lire...). A We Demain, elle conclut : "Lors du débat du second tour, l'important sera d'être aux côtés de son enfant et faire en sorte qu'il ne soit pas happé par l'écran, commenter à voix haute et l'aider à décrypter les points complexes. Cela peut aussi être l'occasion de lui faire comprendre que, quand on vit dans une démocratie, il y a des compromis. Il faut accepter le choix de la majorité, même si ce n'est pas le sien".