Inconnue du grand public, Olivia Ronen a été désignée par Salah Abdeslam pour le défendre dans le cadre du procès des attentats du 13 novembre 2015, lequel s'ouvre ce mercredi 8 septembre à Paris. "Ça a été une énorme surprise. C'est un très, très gros dossier", a commenté l'avocate de 31 ans au journal Le Parisien, à propos du terroriste djihadiste français interpellé en mars 2016 suite à une longue cavale.
"On a beaucoup discuté, j'ai pensé qu'il y avait quelque chose à faire. C'est beaucoup de travail. Mais j'aime les défis, me mettre en danger", a poursuivi la pénaliste. Comme l'énonce encore le journal, le seul membre vivant du commando meurtrier avait à de nombreuses reprises récusé les avocats désignés pour le représenter jusqu'alors. Les attentats du 13 novembre 2015 auxquels il a pris part ont causé la mort de 131 personnes et fait 500 blessés.
Olivia Ronen sera secondée par Maître Martin Vettes, pénaliste de 32 ans. Pour beaucoup, l'avocate est une figure déjà emblématique d'un procès historique.
Salah Abdeslam a pris contact avec Olivia Ronen durant l'été 2018 depuis la prison de Fleury-Mérogis. Celle-ci l'a rencontré en septembre 2018. C'est finalement en novembre 2020 que l'avocate a été officiellement désignée. L'entourage d'Olivia Ronen la décrit comme une pénaliste discrète, expérimentée et très appliquée.
Preuve de cette discrétion, ce n'est qu'aujourd'hui que son profil se voit médiatisé. La trentenaire a déjà traité des affaires de jeunes radicalisés et a dédié son mémoire de fin d'études au rôle de la prison dans la lutte contre la récidive. L'un de ses anciens clients fut un homme mis en examen dans le cadre de l'attentat de Nice de 2016. L'avocate fut également secrétaire de la Conférence des avocats du barreau de Paris, concours annuel réunissant douze avocats élus pour assurer la défense pénale dans des "affaires sensibles".
A en lire ses confrères de la profession, l'avocate serait "brillante", "précoce, "bosseuse" et "extrêmement exigeante avec elle-même", tel que le relate encore le Figaro. Sa confrère avocate Maître Fanny Vial dit d'elle qu'elle a "une très grande force de conviction". "Être l'avocat de Salah Abdeslam, c'est une vraie décision, qui peut déplaire, détourner une partie de votre clientèle, vous exposer. C'est un engagement très beau au service de la défense", affirme enfin l'avocat Gabriel Duménil. La principale concernée, elle, insiste sur l'importance de la "rigueur" et de la "technique" mais aussi du "contact humain", "de l'humanisme et de l'exigence".
Au gré de ses déclarations, l'avocate met également sur l'importance de la justice dans le cadre d'une affaire aussi considérable. Au Parisien, elle explique : "La meilleure réponse au terrorisme, c'est la démocratie. Cela passe par une bonne défense qui permette de comprendre un passage à l'acte, une personnalité, rendre intelligible l'événement. C'est quand l'étau se resserre que l'on est le plus nécessaire. On ne défend pas une cause, mais des individus. Même si parfois on essaie d'exclure quelqu'un de l'humanité, cette personne en fait partie tout autant que nous".
"La justice doit être à la hauteur du défi des grands procès. Mais c'est avec humilité qu'avec mon confrère Martin Vettes nous nous y présenterons", achève Olivia Ronen. Un "grand procès" observé avec attention.