Peu y croyait. L'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic avait ainsi confié en amont du procès à BFMTV : "J'espère qu'à force d'entendre pendant neuf mois les victimes expliquer toutes les souffrances, qui sont énormes dans l'histoire du Bataclan, qu'à force d'écouter les gens qui parlent de leurs blessures et tout ça, que Salah Abdeslam parlera, dira quelque chose", avant d'avouer qu'il n'y croyait "pas trop".
Salah Abdeslam aurait-il finalement décidé de parler ? Mutique depuis toutes ces années d'emprisonnement, le principal accusé des attentats du 13 novembre 2015, qui avaient fait 130 morts à Paris, se retrouve aujourd'hui dans le box, aux côtés de 13 autres hommes dont Mohamed Abrini, son ami d'enfance. Et il a prononcé quelques mots en ce premier jour d'un procès historique qui devrait durer pas moins de 8 mois.
Alors que la cour lui demandait de décliner son identité, le seul membre vivant du commando meurtrier a déclaré : "Tout d'abord, je tiens à témoigner qu'il n'y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son messager".
Le président de la cour d'assises spéciale, Jean-Louis Périès, l'a interrompu, répliquant : "On verra ça plus tard". Les noms de ses père et mère ? Ils n'ont "rien à faire ici", répond Salah Abdeslam.
Interrogé sur sa profession : "J'ai délaissé ma profession pour devenir devenir un combattant de l'Etat islamique", immédiatement repris par Jean-Louis Périès : "J'avais 'profession : intérim'", a rectifié Jean-Louis Périès.
Plus tard, suite à un malaise de l'un des accusé, Salah Abdeslam s'est levé en hurlant : "Il faut nous traiter comme des êtres humains, on n'est pas des chiens !". Il a poursuivi : "Ici c'est très beau, il y a des écrans plats, de la clim mais là-bas on est maltraités, on est comme des chiens", comme le rapporte BFMTV.
Comme l'a rappelé le président de la cour, ce procès est historique "au vu du nombre des intervenants, du nombre des victimes, des parties civiles et de leurs conseils, des témoins et experts appelés à la barre, des moyens dévolus par l'État", rappelant "si l'on se réfère à l'essence même d'un procès criminel, le but est justement le respect de la norme, le respect des droits de chacun à commencer par ceux de la défense".
Salah Abdeslam avait notamment loué la voiture qui avait été utilisée par le commando terroriste pour attaquer le Bataclan. Il avait également déposé les trois kamikazes devant le Stade de France qui s'étaient alors fait exploser. Quant à son frère Brahim, il avait participé aux fusillades des terrasses parisiennes avant de se faire exploser à son tour dans un bar près de la Place de la Nation. Salah Abdeslam avait-il quant à lui renoncé à se faire exploser ou son matériel était-il défectueux ? Au terme d'une cavale de 125 jours, le terroriste avait finalement été arrêté à Molenbeek-Saint-Jean le 18 mars 2016.