Le 4 décembre dernier, l'Assemblée nationale adoptait par 268 voix pour et 138 contre le texte de loi visant à pénaliser, en France, les clients des prostituées, mettant ainsi un terme à plusieurs jours de débats animés entre les députés. Mais alors que le Sénat doit encore rendre son avis sur le sujet, le projet de loi socialiste défendu la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem pourrait déjà faire des émules. En effet, le Parlement européen qui se penchera cette semaine sur la question de la prostitution envisagerait de recommander aux pays membres de suivre l'exemple de la Suède, de la Norvège ou encore de la France en pénalisant l'achat de services sexuels, d'autant que, selon Time, un rapport en ce sens devrait lui être remis prochainement.
Une éventualité qui, si elle ravit les politiciens et les féministes, inquiètent les assistants sociaux ayant régulièrement affaire aux prostituées de même que les associations de travailleurs du sexe et au moins sept états membres. Ces derniers craignent que la criminalisation ne favorise la traite des femmes et qu'elle oblige les prostituées à se mettre dans des situations encore plus dangereuses. « La prostitution existera toujours quelque part dans l'obscurité, mais dans ce cas, elle n'est sûre pour personne : ni pour le client ni pour la prostituée », avance ainsi Isabelle De Meyer, assistante sociale à Gand, en Belgique.
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En Belgique justement, l'achat et la vente de services sexuels sont autorisés. En revanche, le racolage et le proxénétisme, c'est-à-dire le fait de tirer profit de la prostitution d'autrui, sont interdits. Problème, les villes interprètent cette législation comme elles le souhaitent. Ainsi, à Gand à la frontière franco-belge, les prostituées sont officiellement embauchées comme serveuses dans des « bars », en réalité de « petites chambres vaguement éclairées situées derrière les vitrines », rappelle le magazine américain. Détentrices d'un numéro de sécurité sociale et d'un véritable contrat de travail, ces travailleuses feraient l'objet de contrôles réguliers des assistants sociaux. L'objectif : s'assurer qu'elles ne sont victimes d'aucun abus. Un système louable mais qui est loin d'être parfait notamment car les forces de l'ordre ne peuvent véritablement protéger les prostituées que si elles dénoncent des abus ou portent plainte contre leur proxénète. Or, ce cas de figure ne se présente que très rarement.