Est-ce la perspective des Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi qui adoucit le président russe Vladimir Poutine ? Trois jours après avoir gracié le prisonnier politique et ex-première fortune du pays Mikhaïl Khodorkovski, le dirigeant russe avait déjà créé la surprise en libérant, ce lundi, dans la matinée, Maria Alekhina, l'une des membres du groupe contestataire Pussy Riot. Et alors que sa comparse Nadejda Tolokonnikova était, elle, encore détenue à l'hôpital pénitentiaire de Krasnoïarsk, en Sibérie orientale, elle a finalement quitté l'établissement quelques heures plus tard. Et c'est sous les feux des projecteurs et accueillie par une horde de photographes que la jeune militante de 24 ans, condamnée à deux ans de prison en février 2012, a recouvré la liberté.
Amaigrie en raison des multiples grèves de la faim qu'elle s'est infligée pour dénoncer ses conditions de détention, celle qui avait été condamnée pour avoir chanté une « prière punk » anti-Poutine dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou n'a toutefois rien perdu de sa verve. « J'ai vu cette petite machine totalitaire de l'intérieur », a-t-elle déclaré devant les caméras de télévision, estimant que les mois passés en détention n'avaient pas été « du temps perdu » mais qu'ils lui avaient permis de grandir. Nadejda Tolokonnikova a ainsi fustigé le système pénitentiaire russe et estimé qu'il était un reflet du pays. « La Russie est construite sur le modèle d'une colonie pénitentiaire et c'est la raison pour laquelle il est si important de changer les colonies pour changer la Russie de l'intérieur », a-t-elle prévenu.
Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina ont d'ores et déjà fait savoir qu'elles allaient s'associer pour défendre, ensemble, les droits des détenus.