À 29 ans, l'Indienne Soumya Swaminathan, fait partie des joueuses d'échecs les mieux classées de son pays. Invitée à jouer en Iran pour la Coupe d'Asie des Nations, prévue du 27 juillet au 4 août 2018 dans la ville iranienne d'Hamadan, cette championne d'échecs s'est finalement retirée de l'équipe féminine indienne, après que les organisateurs lui ont demandé de jouer en portant le voile islamique.
"La loi iranienne sur le foulard obligatoire viole directement mes droits humains fondamentaux, y compris mon droit à la liberté d'expression et mon droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion", a écrit Soumya Swaminathan sur sa page Facebook pour expliquer sa décision.
En février 2017, la Fédération Iranienne des Échecs avait déjà banni des tournois nationaux la joueuse iranienne Dorsa Derakhshani pour avoir participé à des compétitions à l'étranger sans hijab.
À l'origine, la compétition devait se dérouler au Bangladesh. C'est donc seulement en apprenant que le lieu et la date du tournoi avaient changé que cette ancienne championne du monde junior a décidé de se retirer de la course, renonçant ainsi à ses chances de décrocher un nouveau titre.
"Je suis déçue de voir que les droits et le bien-être des joueurs ont moins d'importance que certaines traditions lors de l'attribution et/ou de l'organisation de championnats officiels. La tenue religieuse ne devrait pas en faire partie. Il y a certaines choses sur lesquelles on ne peut tout simplement pas faire de compromis", estime Soumya Swaminathan.
Ce n'est pas la première fois qu'une joueuse d'échecs boycotte une compétition et renonce à son titre pour s'élever contre les traditions d'un pays qui ébranlent ses valeurs. En décembre dernier, la jeune championne ukrainienne Anna Muzychuk avait exprimé son refus sur sa page Facebook de disputer son titre de championne en Arabie saoudite parce qu'elle ne souhaitait pas jouer "selon les règles de quelqu'un".
Autrement dit, la joueuse d'échecs s'est fermement opposée aux conditions de vie des Saoudiennes et a refusé, selon ses propres termes, "de porter l'abaya, d'être accompagnée en sortant, et de se sentir comme une créature inférieure". Sa soeur Mariya -également joueuse d'échecs- lui avait emboîté le pas en déclarant qu'elle ne participerait pas non plus au tournoi, à l'instar de 150 autres joueurs professionnels originaires du monde entier.