Véronique Balizet : L’association La Semaine du Son a été fondée en 1998 par Christian Hugonnet. Son objectif était alors de développer nos connaissances sur l’environnement sonore. Dans ce cadre, dès l’origine, nous avons privilégié une approche transverse à la fois médicale, culturelle, environnementale, sociologique ou économique. La première Semaine du Son a ensuite vu le jour en 2004, à Paris, avant de s’exporter en région deux ans plus tard.
Aujourd’hui, nous fêtons la neuvième édition et ce sont plus de 50 villes françaises qui ont pris part à cette aventure, auxquelles il faut ajouter Montréal, Mexico, Genève et Bruxelles. Une mobilisation qui permet désormais de sensibiliser plus de 20 000 personnes.
V. B. : Cinq points seront plus particulièrement développés, chaque journée étant dédiée à l’un d’entre eux. A Paris, on abordera ainsi la question de la « Santé auditive : conséquences économique et sociétale de la malentendance », « Acoustique et environnement sonore : le décibel à la portée de tous », « Expression musicale et pédagogie », « Création et diffusion sonore : geste et son, le confort d’écoute du téléspectateur » et enfin, « Relation image et sons : la qualité du son dans les salles de cinéma ». Autant de thématiques dont l’unique but est de sensibiliser le grand public à la qualité de son environnement sonore. Et pour cause, avec le passage au numérique, celui-ci se dégrade d’année en année.
Christian Hugonnet : Ce thème était indispensable car l’oreille est un élément fondamental de notre équilibre. Aujourd’hui, on estime qu’entre 15 et 30 % des jeunes adultes ont des problèmes de malentendence, en raison notamment de l’écoute prolongée et à un niveau sonore élevé de musique au moyen de baladeurs. Or, la plupart de ces personnes n’en ont pas conscience.
Par ailleurs, on voudrait nous faire croire que Le monde se regarde. Je pense que c’est faux : il s’écoute. En effet, ne pas entendre revient à ne pas s’exprimer ou à s’exprimer mal. De même, ne pas écouter son voisin est une négation de sa présence.
C. H. : Cette notion fait référence à ce perpétuel bruit de la ville : un bruit de fond non désiré et non maîtrisé généré par l’environnement urbain. La pollution sonore n’a pas de direction et est semblable à un linceul qui masquerait nos conversations avec autrui ainsi que tous les petits bruits de la vie comme nos pas. Elle nous oblige à faire émerger nos voix, à parler plus fort que le chahut ambiant pour réussir à se faire entendre.
C. H. : Le principal danger est la banalisation de la perception. On ne fait plus attention aux bruits alentours et on ne s’écoute plus. Dans ce cadre, la musique de fond dans une voiture ou la musique d’ambiance dans un café suffisent à conduire à une négation du profil de la personne qui nous accompagne, car, pour être toujours plus audibles, ces sons enregistrés sont désormais compressés en niveau pour émerger du bruit. Résultat, on n’entend plus notre voisin comme on le devrait, ou on ne prend plus la peine de l’écouter. Or, je le répète : Le monde ne se regarde pas, il s’écoute.
Voir le programme complet de La Semaine du Son
Journée de l’audition : zoom sur le bruit au travail
Zikmu, des enceintes à 360° signées Starck
Surdité infantile : le dépistage précoce adopté par l'Assemblée
Bébé : retour du dépistage précoce des troubles auditifs