Les retrouvailles promettaient d'être sereines. Voyez plutôt : Serge Lama, l'interprète bien connu de Je suis malade, revenant sur sa carrière (et sa potentielle sortie de scène) entre deux assiettes bien garnies, sur le plateau de l'émission C à Vous. Mais le talk-show a tourné au vinaigre lorsque le chanteur s'est permis de glisser quelques mots sur une certaine époque #MeToo - une époque qui l'effraie.
"Je n'aimerais pas prendre l'ascenseur avec une femme aujourd'hui, c'est dangereux", a-t-il avoué à Anne-Elisabeth Lemoine, suggérant sans détour sa crainte d'être accusé de viol.
"J'ai connu des femmes à l'époque qui auraient, je pense, dit que je les avais violées alors que c'est moi qui ne voulais pas", a-t-il poursuivi en ce sens, provoquant sur le plateau de France 5 un silence des plus malaisants. Comme un air de "c'était mieux avant", exprimé d'une manière bien confuse...
"Ce soir je t'emmène, on va faire la fête tous les deux / La fête charnelle avec les plus belles / J'ai gagné le gros lot / Ce soir c'est la vie de château", chantait Serge Lama dans son célèbre morceau "Femme, femme, femme". Pas vraiment de "fête charnelle" lors de cet échange à C à Vous, mais une sortie de route qui déconcerte.
Suite à son évocation de "l'ascenseur", le septuagénaire a poursuivi de plus belle : "J'ai connu des femmes à l'époque qui auraient, je pense, dit que je les avais violées alors que c'est moi qui ne voulais pas. Mais comme elles étaient très en colère que je ne veuille pas, j'en vois deux ou trois dans ma tête, elles m'auraient dit : 'Tu vas voir, toi !'". Une étrange anecdote et un beau moment de flottement...
Mais des mots qui, finalement, n'étonnent pas tant que cela. Il y a deux ans déjà, Serge Lama revenait dans les pages du Point sur le regard qu'il porte aux indignations féminines - et féministes. Et s'attardait notamment sur l'accueil de sa chanson Le lit d'Isabelle. "Dès que je faisais le moindre écart, on me tapait dessus. J'ai eu les féministes sur le dos à cause de ces vers : " Elle avait, oh, un tout petit cerveau /Quand le ciel était clair, j'y voyais des bateaux /Mais une fille, hé, quand on l'a dans la peau /On ne se soucie pas trop du cerveau. " À Brassens, on ne lui disait rien...", déplorait-il alors. Il faut dire que, ces paroles pour le moins "vieillottes", le chanteur les considère comme "joyeuses et fêtardes". Question de point de vue...
Aujourd'hui, nombreux sont les internautes à exprimer leur malaise suite à la séquence de C à vous. Telle cette spectatrice anonyme, qui sur Twitter juge le macho "inaudible" et proteste : "Serge Lama ! La prochaine fois, surtout, pas d'INTERVIEW ! Ça casse le mythe. Qu'il se contente de chanter... et encore !". Il faut croire que bien des artistes "vieux de la vieille" semblent désormais penser, à l'instar de Michel Sardou, que "les féministes n'ont rien compris". En bref, ils ont bien du mal à accepter la libération massive de la parole. Ironique pour des chanteurs, non ?