Et vous, vous êtes plutôt cris ou chuchotements ? Côté sexe, il y a deux écoles. Il y a les silencieuses, les discrètes, concentrées sur leur affaire ou inquiètes à l’idée d’être entendues par les enfants qui dorment à l’étage… Et il y a celles qui font du bruit, qui gémissent, halètent, miaulent, soupirent, pleurent, crient, hurlent, etc. Loin de refléter la véritable intensité des sensations éprouvées, ces vocalises copulatoires ne signifient pas non plus que toutes les femmes actives sexuellement sont des menteuses. La réalité est, heureusement, un peu plus complexe.
D’abord, il y a celles qui ne le font pas exprès. Il existe une multitude de petits bruits involontaires susceptibles de perturber (ou de dédramatiser) l’acte sexuel, ils sont bien connus... L’orgasme, cette déflagration sensorielle, peut aussi provoquer des réactions variées, comme l’explique le sexologue Gilbert Bou Jaoudé : « il y a des éléments physiologiques incontrôlables souvent liés aux contractions musculaires pendant l’orgasme » : contraction des mains et des pieds, besoin de serrer le partenaire, voire de le griffer, et cris spontanés. A l’inverse, d’autres, au souffle bruyant pendant l’acte, auront la respiration bloquée lors de l’orgasme, et resteront totalement silencieuses. « C’est un peu comme dans les manèges ou lors d’un saut à l’élastique », remarque le sexologue, « certains hurlent tandis que d’autres n’émettent aucun bruit. »
Néanmoins lorsque les cris s'apparentent plutôt à des gémissements langoureux ou à des hurlements violents, il y a souvent un peu de comédie dans l’air. Deux chercheurs de l’Université Preston, en Angleterre, ont même découvert que les sons émis par les femmes lors d’un rapport sexuel n’avaient souvent rien à voir avec leur plaisir, puisqu’ils étaient émis avant et pendant l’éjaculation de leur partenaire, et pas nécessairement pendant leur propre orgasme. L’étude conclut ainsi : « Ces données indiquent qu’il y a certains bruits qui sont émis consciemment, permettant aux femmes de manipuler le comportement de leur partenaire et de le tourner à leur avantage ».
Une stratégie fréquente selon Gilbert Bou Jaoudé, qui l’attribue principalement à l’attitude des hommes, « à leur vision de la sexualité en tant que performance à accomplir. Pour eux, un rapport qui se termine sans éjaculation n’est pas complet, ils ont du mal à comprendre la différence du mécanisme féminin.» Du coup, elles sont nombreuses à suivre et donner de la voix pour mieux conforter leur homme et ne pas assombrir l’instant de plaisir.
Selon Erin Cooper, un chercheur de la Temple University (Philadelphie), environ 60% des femmes auraient déjà feint l’orgasme durant un rapport sexuel ou une relation de sexe oral. Ce scientifique a cherché à comprendre les motivations profondes de celles-ci et étudié les réponses de 366 femmes âgées de 18 à 32 ans, qui affirmaient toutes avoir pour habitude de simuler. Un grand nombre d’entre elles ont ainsi déclaré qu’elles simulaient l’orgasme parce qu’elles étaient mal à l’aise avec leur intimité, et n’avaient pas confiance en leur sexualité. « Certaines simulent l’orgasme parce qu’elles n'en ont jamais, pour se rassurer et avoir l’impression d’avoir accompli l’acte », commente Gilbert Bou Jaoudé, qui souligne que dans une relation suivie et de qualité entre deux personnes, cette attitude de mensonge et de déni ne fait pas illusion très longtemps.
Mais l’étude du Pr Cooper met en lumière d’autres « bonnes » raisons de simuler pendant l’acte sexuel. Un petit groupe de participantes avouent en effet surjouer un peu pour améliorer leur propre expérience sexuelle, « ce petit groupe de femmes qui feignent l’orgasme dans le but de ressentir davantage de plaisir, sont beaucoup plus satisfaites sexuellement », conclut le Pr Cooper. « Les cris, les gémissements et l’ensemble des sons émis pendant l’acte sont autant de signes qu’on utilise comme des sex-toys, pour faire référence à un univers érotique stéréotypé, qui excite les deux partenaires », explique G. Bou Jaoudé. Quelques sexologues conseilleraient même aux femmes de simuler pour mieux trouver leur plaisir, comme un moyen efficace de se laisser aller, et d’ancrer l’esprit dans le moment présent. Simuler pour mieux jouir ? Ca ne coûte rien d’essayer.
Crédit photo : Hemera
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