Yves Ferroul : L’addiction sexuelle, comme toutes les dépendances, découle d’un manque devenu incontrôlable. Dans ce cas précis, la sexualité devient un besoin. Il ne s’agit plus d’une activité que le sujet maîtrise ; au contraire, il la subit. Et si les rapports sexuels ne sont pas accomplis, le sujet ressent une montée d’anxiété.
L’addiction peut se déclarer à différentes étapes de la vie et s’installer insidieusement. En effet, certaines personnes en souffrent dès l’adolescence, d’autres un peu plus tard. Le manque ou la frustration, résultats d’une sexualité insatisfaisante de personnes seules ou en couple, sont parmi les éléments déclencheurs de cette dépendance. La privation va ainsi devenir de plus en plus obsédante, et l’acte, considéré comme la solution, de plus en plus addictif.
Y. F. : Il est important de préciser que l’addiction n’est pas liée à la fréquence des rapports. Certains sujets pourront en avoir cinq, six ou sept dans la journée sans pour autant être dépendant. La différence ? Ils gardent le contrôle de leur libido.
L’addict sexuel est, quant à lui, l’homme (ou la femme) pour lequel l’acte sexuel n’est pas un plaisir. Une fois l’acte terminé, malgré un orgasme, il n’est ni détendu ni apaisé.
Y. F. : Je ne fais pas de différence entre l’addiction au sexe, à la drogue ou à l’alcool. Comme pour ces deux dernières, la dépendance sexuelle concerne principalement des personnalités anxieuses. L’acte devient alors un rituel pour calmer cette anxiété, dénué de toute notion de plaisir ou de libre-arbitre. Il s’agit purement et simplement d’un comportement répétitif au même titre que les troubles obsessionnels compulsifs (toc). Certains expriment leur angoisse en faisant le ménage, d’autres en ayant des rapports sexuels.
Y. F. : Plusieurs thérapies existent : hypnose, comportementale, analytique. En ce qui me concerne, je la soigne comme les troubles obsessionnels et de l’anxiété. La prescription d’un traitement visant à calmer l’angoisse peut aider le patient à gérer celle-ci et, parallèlement, à régler le problème d’addiction. Les deux étant étroitement liés, plus l’anxiété diminue, plus le sujet est en mesure de reprendre le contrôle de ses besoins et de sa sexualité.
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Crédit photo : MK2 Diffusion
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