C'est quoi, la putophobie ?
Simple : c'est la haine des p*tes. Des travailleuses et travailleurs du sexe, ou "TDS". C'est considérer une TDS comme la lie de l'humanité. C'est cette stigmatisation systématique qui confronte les principales concernées aux sempiternelles injonctions : être une femme "digne", dignité qui se traduirait par des attitudes plus propices aux bienséances. Cette haine est alimentée par les hommes, et par les femmes, dans un système qui tend à déshumaniser les TDS en leur imposant honte, culpabilité, insultes diverses.
Et aux côtés de cette haine palpite toujours autre chose : le "slut shaming". Soit le fait de juger ou d'insulter une femme sur la simple considération de sa sexualité (supposée), au travers de ses paroles, de ses actes, de son attitude, de ses tenues, de son apparence physique. On est pas sorti des orties.
Ce phénomène est au coeur des discours de la plus iconique représentante de la lutte contre la "putophobie" en France : Zahia Dehar. L'actrice a remis les points sur les i l'espace d'un podcast. Et a posé la question : "Pourquoi être une p*te c'est mal ? Pourquoi être une traînée, c'est mal ?"
Une prise de parole qui a beaucoup fait réagir...
Au micro du podcast Bip Sonore, Zahia a ouvert la voix : "Moi jusqu'à présent personne ne m'a donné d'explication rationnelle à ce sujet : pourquoi être une p*te c'est mal, pourquoi être une traînée c'est mal... Quand j'avais douze ans, on m'insultait de p*te, alors que je n'avais même pas encore de vie sexuelle !"
"A cet âge, j'avais envie de mettre des mini jupes. Mais alors que mon corps se formait, je sentais que la société commençait déjà à nous dire à nous les filles : faites attention ! vous n'avez pas intérêt à être une mauvaise fille ! une traînée, une dévergondée... Pourquoi tout ça c'est mal déjà ?"
"Ceux-là mêmes qui t'insultent, ils ne savent pas pourquoi c'est mal ! Ils sont idiots. Et j'ai fini par me dire : je ne vais pas jeter mon plaisir à la poubelle pour faire plaisir à des idiots. Et si on laisse la société vous voler ça, c'est pas la société qui viendra vous consoler quand vous aurez des regrets"
Depuis la sortie du film "Une fille facile" de Rebecca Zlotowski, et même bien avant, l'espace d'une interview fleuve accordée au magazine Antidote, Zahia n'a eu de cesse de défendre... Et bien, les filles faciles justement. Ces femmes jugées depuis belle lurette par les hommes... Et leurs propres consoeurs féminines. "Moeurs légères", "tchoins", "sal*pes", ou vous passera les noms d'oiseaux divers et variés : vous connaissez la chanson. Zahia aussi.
Elle ne la connaît d'ailleurs que trop bien. Le combat que mène l'artiste pour dénoncer cette haine érigée en système, pas seulement des filles faciles mais des femmes (oui : le jugement des unes est une bonne excuse pour juger les autres...), elle est l'une des seules à le mener aussi régulièrement et ouvertement en France. Quitte à (énormément) cliver.
Ce qui se perçoit dans les commentaires Instagram : alors que certains considèrent que Zahia fait du mal aux femmes (toujours amusant lorsque ce sont des mecs qui l'affirment), voire, qu'elle serait totalement décadente ou diabolique (oui, l'époque du bûcher aux sorcières n'est jamais loin) d'autres soutiennent la comédienne et défendent sa liberté de penser.
Florilège : "Je l'adore cette femme, j'ai trouvé votre vidéo riche de nuances et de réflexions intelligentes", "Cette femme est vraiment une icône", "Puissant ce genre de messages", "Vous avez raison. Votre corps votre choix".
Une formule qui remet le féminisme au milieu du village.