Le 6 août dernier était votée la nouvelle loi sur le harcèlement sexuel, un texte défendu par la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud Belkacem, qui inscrivait dans le Code pénal une nouvelle définition du harcèlement sexuel. Afin d’accompagner la mise en place de cette nouvelle loi, qui a pour double objectif de sanctionner les délits et d'encourager les victimes à porter plainte, Mme Vallaud-Belkacem et la ministre de la Justice Christiane Taubira ont lancé lundi une nouvelle campagne nationale de sensibilisation pour inciter les victimes de harcèlement sexuel à le dénoncer. Appuyée sur un nouveau site, stop-harcèlement-sexuel.gouv.fr, la campagne, met particulièrement l’accent sur le harcèlement au travail : en effet, 8% des agressions sexuelles et 25% des gestes déplacés sont subis sur le lieu de travail ou d'études des femmes. Sous le slogan « Harcèlement sexuel : désormais la loi vous protège », le site ainsi que les annonces dans la presse ou les bannières animées sur Internet, ont pour objectif de sensibiliser et d’informer les victimes et leurs proches des différents recours possibles. Par ailleurs, afin de protéger les victimes, il est possible d’effacer les traces de leur passage sur le site.
Autant d’initiatives jugées louables par les associations féministes, qui cependant déplorent l’insuffisance du dispositif mis en place. « Renseigner et intervenir auprès des victimes de harcèlement sexuel demande des compétences particulières, notamment juridiques. Les plates-formes téléphoniques comme le 3919 donnent des renseignements et font de l'écoute. Elles ont donc besoin de pouvoir orienter les personnes qui appellent vers des associations qui reçoivent les victimes et interviennent dans leurs démarches. Or il n'existe pas de réseau de prise en charge des victimes de harcèlement sexuel comme pour les violences conjugales », explique ainsi à Sipa Marilyn Baldeck, déléguée générale de l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). Ainsi, seule l’AVFT se charge au niveau national de lutter contre les violences faites aux femmes au travail : leur crainte est de voir les plaintes multipliées suite à la campagne, sans pouvoir pour autant y répondre. « Il nous sera très difficile, voire impossible, le cas échéant de répondre aux demandes générées par la campagne, alors que justement en 2012 nos subventions ont été réduites de 5%. Il ne faudrait pas que cette campagne soit synonyme d'attentes déçues », met en garde Mme Baldeck. Autre crainte des féministes : que les personnes chargées de répondre aux numéros d’urgence n’aient pas reçu une formation spécifique pour conseiller de la meilleure façon les victimes de harcèlement sexuel.
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