A 47 ans seulement, Sarah Thomas vient déjà d'entrer dans l'Histoire du football américain. Le 7 février prochain, cette Américaine de 47 ans deviendra effectivement la première femme arbitre du Super Bowl, la mythique finale du championnat de la ligue américaine de football américain (ou NFL pour les intimes). Pour rappel, cet événement, indissociable du patrimoine national, existe depuis 1966.
Il en faut du temps pour changer les choses... Et Sarah Thomas en est bien consciente. Mais n'appréhende en rien cette (r)évolution. Ex-basketteuse de talent, cela fait déjà cinq ans qu'elle arbitre les matches de la National Football League - une situation exceptionnelle au sein d'un milieu, l'arbitrage, encore trop timide pour ce qui est de l'égalité professionnelle. On a pu notamment la voir évoluer au sein des play-offs, soit les séries éliminatoires de ces compétitions sportives. Rigueur, expérience et érudition sont donc les maîtres-mots de cette native du Mississipi.
"L'histoire s'écrit au Super Bowl : Sarah Thomas deviendra la première femme à arbitrer le plus grand des matchs. En 2015, elle était déjà la première femme à arbitrer un match éliminatoire. Continuez à briser ces barrières, Sarah !", a ainsi salué la légendaire joueuse de tennis californienne Billie Jean King, génie sportive et lauréate de douze titres du Grand Chelem. Une reconnaissance sororale qui fait plaisir à voir.
"Les performances élevées de Sarah et sa propension à l'excellence lui ont valu le droit d'arbitrer le Super Bowl. Félicitations à elle pour cet honneur bien mérité", abonde dans les pages de USA Today Troy Vincent Sr., le vice-président exécutif des opérations football de la NFL. Un honneur bien mérité, c'est certain.
Initiée au domaine de l'arbitrage depuis 1996, la professionnelle a volontiers subi le sexisme inhérent au milieu, comme le souligne Ouest France. Ainsi dès les prémices de sa carrière, ses supérieurs lui soufflaient quelques conseils : "cacher ses cheveux blonds sous sa casquette et ne pas se maquiller". Merci, mais non merci.
"J'ai toujours voulu que mon genre ne soit pas un frein. Mais quand on m'a dit de ne pas mettre de maquillage, je leur ai dit qu'ils franchissaient une ligne... En tant que femme arbitre, je ne suis pas peut être pas un exemple à suivre, mais je serai ravie que mon parcours suscite des vocations", déclarait-elle encore récemment. Pas un exemple ? Un signe d'humilité s'il en est. Pour Troy Vincent toujours, les arbitres du Super Bowl sont parmi "les meilleurs des meilleurs" et ont l'honneur d'arbitrer "le plus grand match sur la plus grande scène du monde".
C'est dire si cette nomination est des plus enthousiasmantes. Elle réjouit d'ailleurs le public américain. "Les partisans de Trump commencent à pleurer", ironise un internaute sous l'annonce officielle de la NFL. "Très bonne nouvelle, mais pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps ?", s'interroge en retour une autre voix anonyme. D'autres s'inquiètent des remarques sexistes que pourraient engendrer le moindre choix d'arbitrage de la professionnelle sportive. Mais pour l'instant, l'heure est à l'optimisme. "Les femmes arbitres ont une longueur d'avance car elles ont toujours la pression de prouver qu'elles sont égales aux hommes", décrypte une twitta.
Une pression que devrait surmonter sans peine Sarah Thomas : sa nomination est déjà un exploit.