Taubira : icône des uns, cible des autres
Dès le début de l’année 2013, Christiane Taubira était au cœur d’un des grands débats de société de ces dernières années, le mariage gay. En portant cette loi en dépit des critiques et des attaques des opposants au mariage pour tous, elle acquérait un statut d’icône pour certains en s’attirant les foudres des autres : « Ces opposants étant très minoritaires mais très actifs, ils utilisent internet de façon systématique ce qui explique à mon avis la position de Taubira », analyse David Abiker. Omniprésente dans les baromètres Terrafemina–Synthesio du premier trimestre, la suite de l’année sur les médias sociaux n’a pas été plus calme pour la Garde des Sceaux. En novembre, on apprend qu’elle a été victime d’insultes racistes le mois précédent, proférées par une enfant rattachée au mouvement de la Manif pour Tous. Quelques jours plus tard, c’est le journal d’extrême-droite Minute qui attaque la ministre. Ces insultes ne feront finalement que renforcer la sympathie que beaucoup avaient déjà pour elle, puisqu'elle sera élue femme de l'année.
Pour certains, une campagne se fait sur le terrain. Pour d’autres, comme Marine Le Pen, c’est aussi en ligne qu’un parti gagne ses électeurs. La frontiste a fait des réseaux sociaux son terrain de communication (et de dédiabolisation), où elle se montre proche de ses sympathisants et commente l’actualité via des tweets persos signés de ses initiales MLP. « La montée de son parti est sous les feux des projecteurs sans discontinuer depuis des mois », tranche David Abiker. De quoi – presque – faire oublier les dérapages de ses camarades du FN. Un des exercices favoris de la figure de proue de l’extrême-droite ? Tacler chaque fait et geste de la présidence, et plus globalement des « jumeaux de l’UMPS ». Concernant une citation de Jean-Marc Ayrault lors de l'affaire Cahuzac, elle lâche même un « mdr » (on notera qu’elle ne cède pas au lol, lui préférant l’expression française consacrée). Dans son nuage de tags, ses chevaux de bataille : #Hollande, l’#Europe et la #gauche.
À chaque tweet maladroit de l'ex-présidente du Parti Chrétien Démocrate, c’est un flot de réponses souvent négatives, de détournements, de moqueries. Il faut dire que Christine Boutin est adepte des bourdes et des bad buzz à répétition : ses nombreux dérapages de l’année, notamment sur le mariage pour tous, ou sur la mastectomie d’Angelina Jolie, ont été largement relayés. Sa présence dans le classement du baromètre Terrafemina-Synthesio montre les effets dévastateurs d’une mauvaise utilisation de Twitter. La Vie d’Adèle primée à Cannes ? C’est parce que la mode est aux gays. Mandela ? Une icône gay, évidement. Hollande est favorable au mariage gay ? Qu’il se marie pour donner l’exemple. Et c’est en alignant autant de non-sens qu’on se retrouve avec une page Facebook envahie de cacas, une protection sur sa page Wikipédia pour éviter les piques des internautes… Et une crédibilité bien entamée. Pour David Abiker, « elle a aussi cristallisé sur son nom les critiques de ceux qui lui reprochent son "homophobie" en même temps que les soutiens à la Manif pour tous » : de quoi s’assurer une place dans le classement des femmes politiques les plus influentes sur Twitter, peut-être plus méritée que ses deux consœurs « moins accros à ce moyen d'expression et d'interaction ».