Ce mercredi, les eurodéputés ont voté en faveur d'un amendement qui prévoit de mettre fin à "l'attribution de 100 millions d'euros de subventions à la tauromachie" selon la PETA. "Ni les crédits de la PAC (Politique agricole commune) ni aucun crédit inscrit au budget ne doivent être utilisés pour le financement d'activités de tauromachie avec mise à mort" ont ainsi demandé les politiques dans un amendement (438 voix pour, 199 contre, 50 abstentions) à la position du Parlement sur le budget 2016 de l'Union européenne.
Comme le rappelle Ouest France, cet amendement, introduit par les Verts, n'est pas le premier voté par le Parlement dans ce sens. Néanmoins, comme l'a noté Michael Schmitt, le conseiller politique des Verts au Parlement européen : "c'est la première fois que cette demande est intégrée dans le corpus" de la position budgétaire de l'assemblée. Maintenant, cette demande – comme la totalité de la position budgétaire du parlement – va faire l'objet d'une négociation avec le Conseil de l'Union européenne.
Si les eurodéputés ne peuvent pas mettre un terme à la tauromachie, les associations de défense animale ont salué ce vote qui semble enfin privilégié le bien-être animal à une tradition jugée de plus en plus moyenâgeuse et barbare par la société. Dans un communiqué, Cyril Ernst, le porte-parole de PETA France, estime ainsi :
"Cette décision qui revêt une très grande importance pourrait donner le signal pour que le coup de grâce soit donné à une industrie tauromachie moribonde. Tourmenter des taureaux en guise de divertissement n'est pas concevable au XXIème siècle, et aujourd'hui nous nous sommes soudainement rapprochés du moment où ce passe-temps cruel sera relégué au passé".
De son côté, la Fondation Brigitte Bardot ajoute : "Désormais l'Union européenne ne sera plus complice des corridas, pratiques moribondes placées sous perfusion de fonds publics. La décision prise aujourd'hui par le Parlement européen pourrait porter l'estocade à cette barbarie, c'est notre espoir, notre combat".
L'éternel débat entre les pros et les anticorrida pourrait bientôt ne plus avoir lieu d'être. Selon le quotidien El Mundo , les Espagnols ne sont plus que 30% à s'intéresser à cette pratique, ce qui se ressent fortement dans la fermeture des arènes. Entre 2007 et 2013, plus de la moitié d'entre elles ont en effet disparu, passant de 1665 à 589. Outre la hausse constante des prix des billets qui éloigne les spectateurs occasionnels, la souffrance animale entre de plus en plus en jeu dans la désertion du public. Car si les afficionados continuent de se cacher derrière une tradition remontant au XVIe siècle, la société prend doucement conscience que la tauromachie peut être assimilée à un acte de barbarie.
Preuve en est avec le récent scandale provoqué par le ministère de l'Education de la Culture et des Sports espagnol qui souhaite mettre en place un projet de formation professionnelle pour les étudiants souhaitant travailler dans la tauromachie. Sur Twitter, le hashtag #FPtauromania s'est rapidement répandu à coup de tweets dénonçant l'énormité d'un tel projet en 2015. Une pétition lancée sur Change.org a même récolté plus de 385 000 signatures.
Interrogé par Le Figaro , Thierry Hély, président de la Fédération des Luttes pour l'Abolition des Corridas (FLAC), a estimé : "La corrida n'a jamais été aussi menacée en Espagne à cause de la gauche espagnole, qui veut éradiquer cette pratique barbare. Dans les arènes, le public est vieillissant. Je pense que ce diplôme est fait pour tenter de regagner le coeur du jeune public et sauver cette tradition cruelle".
Massacrer des animaux au nom du divertissement pourrait bientôt être un lointain souvenir grâce au message envoyé par le Parlement européen. D'autant plus que le rapport "Toros & Taxes" rédigé par des députés européens espagnols en 2013 estimait : "Sans un tel soutien, la tauromachie serait au bord de la faillite". Comme le notait également un billet de blog publié Huffington Post en 2014 : "La baisse totale du nombre de corridas a été de 56% en dix ans, avec une accélération marquée ces cinq dernières années". Si la disparition de la tauromachie ne se fera pas du jour au lendemain, elle n'intéresse plus, ce qui est une excellente nouvelle.