Le rapport du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) est formel : en 2019, la télévision française a fait un pas en arrière en termes de diversité. Comme tous les ans depuis 2009, l'institution a observé une vingtaine de chaînes (TNT et Canal+) sur deux semaines, en mars et en septembre. En tout, 1450 heures et 37 800 personnes étudiées qui mènent à la conclusion suivante : le petit écran ne représente pas la France telle qu'elle est réellement. Et encore moins qu'avant. Pour le président du CSA Roch-Olivier Maistre, certains de ces résultats sont "tout simplement inacceptables en 2020".
Alors que les mouvements féministes et antiracistes appellent à un changement radical, égalitaire et diversifié, la télé, elle, stagne quand elle ne régresse pas. En 2019, la proportion de femmes représentées est restée à 39 %, quand elles constituent 52 % de la population. "Les expertes restent encore insuffisamment représentées", évoque Roch-Olivier Maistre au Journal du dimanche. "Par exemple, durant la crise, nous n'avons pas vu beaucoup de femmes professeures de médecine à l'écran".
Même topo pour les personnes en situation de handicap, qui constituent 20 % de la population mais dont les interventions stagnent à seulement 0,7 % de l'antenne, rapporte l'Agence France-Presse.
Du côté des territoires d'outre-mer, on compte 0,4 % de ses habitant·e·s à l'écran pour 3,26 % de la population (hors France Ô, la chaîne consacrée à l'Outre-mer dont la diffusion s'est arrêtée au 1er septembre en raison de faibles audiences). Pire, la part des personnes "perçues comme non blanches" s'est carrément dégradée, passant de 15 % en 2019, contre 17 % en 2018 et 16 % en 2016.
Autre constat : les chaînes privilégient certaines classes et milieux, avec 52 % des personnes à l'antenne vivant en ville, contre 32 % en réalité, et 73 % de catégories socioprofessionnelles supérieures quand elles ne concernent que 28 % des Français·e·s. La banlieue et ses habitant·e·s souffrent aussi d'une faible présence à l'antenne : 7 % pour 27 % de la population. Le CSA indique cependant que leur représentation "est moins stéréotypée et plus diverse" qu'en 2018, notamment dans les séries et fictions.
Pour Roch-Olivier Maistre, ces résultats sont "décevants". "Pour ne prendre qu'un seul exemple, on ne peut pas se satisfaire que les personnes en situation de handicap représentent seulement 0,7 % des intervenants à l'antenne", a-t-il déploré lors d'une présentation du baromètre. Conscient de l'importance de la représentation dans la lutte contre les discriminations, il appelle ainsi les chaînes à une "remobilisation collective". Et martèle : "Chacun doit pouvoir se retrouver dans la télévision".
Rendez-vous en 2021 pour savoir si le monde d'après a retenu la leçon.