Annie Vergne : J’étais en plein travail d’écriture sur le spectacle « Olympes de Gouges, porteuse d’Espoir », qui met en scène la première femme à avoir défendu la cause de ses semblables, puis j’ai eu l’occasion de voir la pièce « Jupes et Pantalons », qui retrace le Mouvement de la Libération de la Femme, 40 ans après. La nécessité de mettre en résonance plusieurs spectacles qui, selon différentes époques, nous parleraient des femmes et de leurs combats, quels qu’ils soient, m’est alors apparue comme une évidence.
A. V. : « Frédérique hôtesse de caisse » de Claude Theil, qui parle de la vie ordinaire d'une femme dans le monde du travail de ce XXIe siècle, « Les femmes savantes » de Molière, comédie de mœurs notamment sur l'éducation des filles qui, selon les préceptes de l’époque, dit qu'il est inutile voire dangereux de trop les éduquer. Puis « Jupes et pantalons » de Claire Benjamin-Galeyrand, où une femme retrace l'histoire du mouvement des femmes des années 70, « La guerre n’a pas un visage de femme », d’après le récit de la journaliste Svetlana Alexievitch, qui a recueilli des témoignages de jeunes filles soviétiques parties au front entre 1941 et 1945. Enfin, « Il était une femme » mis en scène par Jaques Dutoit, est un spectacle musical sur la vie et les amours d’une femme à travers le temps.
A. V. : Je voulais donner à entendre la parole des femmes d’hier et d’aujourd’hui, dans différentes formes, philosophiques bien sûr, mais aborder également leur quotidien. Par ce choix, on entend les aspirations et les espoirs de certaines, les engagements d’autres… Ce sont des morceaux de vie, des histoires ordinaires ou extraordinaires.
A. V. : Parce qu’il est d’une actualité brûlante, forcément. Il faut réaliser qu’en pleine Révolution française, dans une vie politique tourmentée et gouvernée par les hommes, cette femme hors du commun demandait déjà la parité, quand en 2012 nous commençons tant bien que mal à la respecter. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
A. V. : Sa générosité, sa détermination dans ses combats... Elle est tout à la fois : touchante, vive, intelligente, avec un sens de l’humour assez décapant ! Elle était sans doute excessive, mais tellement humaine et pleine de bon sens. C’était une visionnaire, une femme courageuse qui n’hésitait pas à exprimer sa libre pensée. Elle fut sans aucun doute la première à avoir défendu la cause des femmes en 1791 quand elle demanda à l’Assemblée nationale que soient reconnus les droits de la femme et de la citoyenne, au même titre que les droits de l’homme et du citoyen…
A. V. : Pour moi, le théâtre est comme le miroir de la vie. Le regard que l’auteur porte sur son sujet est comme une allégorie du monde qui l’entoure. Quel que soit le thème abordé et la façon de l’exprimer, comédie ou drame, il emmène le spectateur dans une émotion, ouvrant ainsi la voie à la réflexion. C’est un passeur de mots, un porteur de paroles ; en ce sens, il peut jouer un rôle important dans le combat pour les droits de la femme et l’égalité. Les retours de spectateurs les plus fréquents rendent compte de cette impression d’avoir appris des choses qu’ils ne savaient pas ou bien qu’ils avaient oubliées. Même « Frédérique, Hôtesse de Caisse », qui témoigne de notre quotidien d’aujourd’hui, a suscité de nombreuses prises de conscience parmi nos spectateurs.
« Olympe de Gouges, porteuse d’espoir », jusqu'au 22 décembre au Théâtre du Guichet Montparnasse, Paris 14e
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