Après le temps de l'indignation, voici venu celui de l'action. Lundi 1er janvier, plus de 300 actrices, scénaristes, metteuses en scène et autres personnalités du cinéma ont annoncé qu'elles lançaient ensemble Time's Up ("C'est fini", en français), un vaste projet pour lutter concrètement contre le harcèlement sexuel.
Trois mois après les débuts de l'affaire Harvey Weinstein, et l'onde de choc #MeToo qui s'en est suivie, le but de Time's Up est simple : aider activement les victimes de harcèlement sexuel, que ces dernières évoluent ou non dans le milieu du cinéma. Le projet dispose notamment d'un fonds destiné à aider les personnes qui n'ont pas les moyens financiers de se défendre contre leur harceleur ou agresseur.
Dans une "lettre de solidarité" publiée sur une pleine page de l'édition du 1er janvier 2018 du New York Times, ainsi que dans le journal hispanophone La Opinion, les signataires de Time's Up expliquent leur projet. "Souvent, le harcèlement persiste parce que les harceleurs ne payent jamais les conséquences de leurs actes", écrivent-elles dans la lettre, qui commence par "Dear Sisters" ("Chères soeurs", en français) et se termine par "Solidairement".
"À toutes les femmes employées dans l'agriculture qui ont dû repousser des avances sexuelles non désirées de la part de leur employeur,
à toutes les femmes de ménage qui ont tenté d'échapper à un client agressif,
à toutes les concierges prises au piège la nuit dans un immeuble où sévit un responsable devenu prédateur,
à toutes les serveuses palpées par un client et à qui on demande de répondre par un sourire,
à toutes les travailleuses dans les usines à qui on échange des heures contre des actes sexuels,
à toutes les employées de maison ou aides à domicile qui se sont fait toucher par un patient,
à toutes les immigrées sans papiers poussées au silence par la peur d'être dénoncées,
et à toutes les femmes dans tous les domaines professionnels qui sont objet d'indignité et de comportements agressifs, qu'elles sont obligées de tolérer pour continuer à gagner leur vie.
Nous sommes avec vous. Nous vous soutenons", écrivent les signataires de la lettre, parmi lesquelles on retrouve les actrices Cate Blanchett, Meryl Streep, Natalie Portman, Eva Longoria, Reese Witherspoon, ou encore Ashley Judd, qui avait personnellement accusé Harvey Weinstein de harcèlement sexuel. La présidente de Universal Pictures Danna Langley, l'écrivaine féministe Gloria Steinem ont également répondu à l'appel, tout comme l'avocate et ex-chef de cabinet de Michelle Obama Tina Tchen et la co-présidente de la Fondation Nike Maria Eitel.
L'objectif de l'organisation Time's Up est clair : "modifier la perception de la société et la manière dont sont traitées les femmes", notamment celles travaillant "dans des domaines professionnels moins glamour et moins valorisés" que le monde du cinéma.
"Nous nous engageons également à continuer à pousser pour de réels changements dans notre propre domaine, afin de faire de l'industrie du show-business un endroit sûr et équitable pour tous", poursuit l'organisation.
Pour cela, Time's Up disposera d'un fonds financier destiné à aider les victimes de harcèlement sexuel au travail. 13 millions de dollars (environ 11 millions d'euros) ont déjà été récoltés sur les 15 millions espérés pour pérenniser le projet.
Enfin, Time's Up appelle à ce que plus de femmes occupent des places de pouvoir afin de mettre un terme à "ce monopole incompréhensible : la difficulté pour les femmes de s'imposer, de grimper les échelons, et simplement d'être entendues et reconnues dans des lieux de travail dominés par les hommes".