Prendre la décision d'entamer une psychanalyse, une thérapie, voire simplement de se rendre une fois dans le cabinet d'un·e psy, représente une étape en soi. Mais qu'en est-il de la prochaine ? Celle qui consiste à faire le choix du ou de la praticien·ne ?
Sur Internet, ou dans les Pages Jaunes pour les - rares - adeptes du bottin, des centaines de noms défilent sous nos yeux à l'annonce de notre requête. Et autant d'avis d'inconnu·e·s qui décrivent assidument leur ressenti une fois allongé·e·s sur le divan. De quoi se perdre facilement dans le tourbillon des possibilités. On ne sait pas qui contacter, pourquoi l'un·e plus que l'autre, et on finit par se demander ce qui compte pour réellement avancer.
Afin de se faciliter la tâche, on a listé ce qui peut être utile de connaître avant, comme pendant la première séance. Voici donc 6 trucs à garder en tête.
Avant toute chose, il est important de savoir ce qu'on veut, ou plutôt ce qui nous convient. Car "psy" regroupe plusieurs métiers distincts. "Si la démarche est intellectuelle, avec l'envie de mieux se connaître, l'approche psychanalytique est adaptée", explique le neuropsychologue-psychologue clinicien Jean Petrucci dans les colonnes de Madame Figaro.
"Si l'on a envie de mettre des mots sur une situation difficile ou bien de poser un diagnostic médical sur un trouble particulier", c'est le psychiatre qu'il serait plus judicieux de contacter, poursuit-il. "Quant à la psychothérapie, auprès de psychologues et psychothérapeutes, elle sera davantage dans une démarche de coopération active, avec beaucoup d'échanges et parfois des exercices à faire à la maison." A nous de faire le point avant de choisir.
Une fois la spécialité déterminée, vient le concret. L'une des pistes que l'on peut emprunter pour trouver la bonne personne, c'est alors de s'en remettre à des références accessibles. Qu'il s'agisse d'un·e proche qui a consulté un·e professionnel·le en particulier (sans pour autant qu'il y ait conflit de loyauté) ou d'un·e soignant·e qui saura vers quel·le collègue nous diriger selon notre problématique, ce genre de recommandations sont l'un des moyens les plus sûrs de tomber sur celui ou celle qui, à force d'un travail en profondeur, nous fera du bien. Il n'y a plus qu'à appeler.
Vient ensuite le jour-j. Là encore, on peut préparer quelques questions avant de s'y rendre. Aborder des sujets pratiques, comme le prix et la fréquence de consultation, ou qui concernent l'approche et le parcours du ou de la psy en face. Un échange qui permet de s'assurer que l'on se lance dans la bonne direction... avec le ou la bon·ne guide.
"Le premier entretien est une évaluation", affirme ainsi Sylvie Angel, psychiatre, auprès de Psychologies. "Le psy tente de comprendre les grandes lignes de votre problème pour poser des indications thérapeutiques : psychanalyse, thérapie comportementale, familiale... De votre côté, vous devez aussi lui poser des questions. Vérifiez ses compétences : sa formation, à quelle école il appartient, etc. Faites-vous exposer les modalités de la cure : tarif, fréquence, cadre (face à face, divan, exercices). Il doit pouvoir expliquer sa démarche honnêtement". La sincérité est donc la clé, dans un sens comme dans l'autre.
La dépendance à son psy est commune. Dans certains cas, elle est appelée transfert. "Le patient déplace sur son psy des émois, des attentes, des demandes d'amour, des frustrations qu'il ne digère pas et l'empêchent d'avancer", explique Marc Rouzet, psychothérapeute, à La Nouvelle République. L'important, c'est la réponse du ou de la spécialiste face à ce phénomène. Si ce dernier est encouragé, s'il nous semble difficile de se détacher de l'avis ou des commentaires de l'expert·e, c'est le signe que la thérapie n'est peut-être pas aussi bénéfique que ce qu'on croit.
"Méfiez-vous des psys qui vous entraînent dans une relation de dépendance : le but d'une thérapie est de vous conduire à plus d'autonomie dans la gestion de votre souffrance", prévient ainsi Sylvie Angel. "Vous devez avoir le sentiment que votre psy vous écoute vraiment et que vous progressez. Attention à ceux qui vous font croire aux miracles." Mais aussi à ceux qui sortent du cadre professionnel. Et pour ce faire, on peut compter... sur soi-même.
Pendant la consultation comme en sortant du cabinet, la psychiatre nous enjoint à combiner ressenti et objectivité. "Gardez votre sens critique en éveil, mais méfiez-vous de vos projections : les reproches que vous adressez [au thérapeute] sont peut-être les signes d'une résistance à vous engager dans une thérapie."
Il est donc nécessaire de se demander si l'on se sent en confiance lorsque l'on se livre, mais pas de claquer la porte à la première contradiction. Rappelons-nous que l'on s'y rend d'abord pour travailler sur soi, ce qui implique forcément une remise en question, ou d'aborder des points sensibles et douloureux. Toutefois, la spécialiste insiste : "Si vous ne le 'sentez' pas lors de ce premier entretien, n'hésitez pas à en consulter un autre." On imprime.
La route est parfois longue jusqu'à tomber sur la personne qui saura, entre autres, décrypter nos réactions et nos relations dysfonctionnelles et nous apprendre à panser nos plaies à vif. "Il se peut qu'il faille plus de temps que prévu pour trouver un thérapeute qui vous convienne", conclut enfin la psychiatre docteure Rashmi Parmar, auprès du site américain HelloGiggles. "Vous devrez peut-être faire le tri entre plusieurs noms avant de décider qui peut vous aider le mieux."
Une patience essentielle pour trouver la "perle rare", qui, une fois cette dernière identifiée, nous servira pour le long chemin que l'on s'apprête à entreprendre.