Être grand. Être viril. Être athlétique. Si la société a imposé aux femmes de se ranger aux "normes" de la féminité, les hommes n'ont pas non plus échappé à la pression : de leur côté, ils doivent se plier aux critères de ce qu'on appelle la masculinité. Les luttes féministes ont certes fait évoluer les moeurs et libéré l'homme sur de nombreux points. Il s'est décomplexé face à la mode ou à la parentalité par exemple. Pourtant, les hommes ont-ils abandonné toutes aspirations à se conformer aux stéréotypes de la masculinité ?
Une étude de l'université de Washington tend à montrer que loin de là. Menée sur des lycéens, cette dernière visait à observer leurs réactions face leur masculinité menacée. Ces derniers ont dû se soumettre à un test de force, puis à des questions ciblées sur des traits culturellement assimilés comme "masculins". Ceux qui ont obtenu un résultat faible au test de force ont eu tendance, dans leurs réponses, à glonfler leur nombre de relations sexuels, à se dire agressif et athlétique et à se montrer désintéressé par des produits connotés féminins. Conclusion : lorsqu'elle est menacée, les hommes ont tendance à exagérer leur virilité.
Un phénomène de défense qui s'explique culturellement. Dans une société patriarcale où la femme a été mise au deuxième rang, un homme ne se pliant pas aux critères est rapidement vu comme un faible. D'autant qu'il est alors rapidement rattaché à un deuxième groupe malmenée : les homosexuels. Et si "de nombreux hommes décrient ces stéréotypes, la pression pour y correspondre est très forte", admet l'étude. Et cela peut avoir de graves conséquences.
Comme l'explique un article du site Feministing, si les conséquences d'une masculinité menacée dans cette étude sont assez bénignes, d'autres études ont démontré que, blessés dans leur virilité, les hommes étaient plus enclins avoir des pulsions pour taper dans un sac de frappe, harceler sexuellement une femme ou reporter la faute sur la victime dans un cas de viol. Pour s'aligner sur les stéréotypes masculins, l'homme ferait ressortir le pire de la misogynie.
"Nous parlons peu des hommes qui sont prisonniers des stéréotypes liés au genre, mais je sais qu'il y en a, et que le jour où ils parviendront à s'en libérer, la situation des femmes s'en verra spontanément améliorée." Au siège des Nations Unis, en septembre 2014, Emma Watson lancée sa campagne He for She arguant que le combat féministe est le combat de tous. Et rappelant par la même occasion que la libération des femmes s'accompagnera de celles de hommes. En rejetant les rôles traditionnellement attribués à l'un ou l'autre des deux genres, la pression de s'y rattacher s'évanouira avec. Une idée qui ne fait toutefois pas l'unanimité. Rappelons-nous la Manif pour tous qui défilé sous des panneaux "Pas touche à nos stéréotypes de genre". Le chemin est encore long.