Oui, les violences conjugales existent également au sein des couples lesbiens. Une réalité pas forcément évidente à médiatiser. Et un sujet qui nécessite une forme de sensibilisation nécessaire. Sensibilisation que prend désormais en main la Fédération LGBTI +, le réseau des Centres et associations LGBTI+ de France, en lançant une campagne destinée aux couples de femmes lesbiennes et bisexuelles. L'idée est avant tout de s'adresser à ces femmes qui se voient généralement exclues de ces campagnes et de leurs intitulés genrés.
"Quand on est une femme lesbienne ou bisexuelle, il est difficile de se sentir concernée par un texte qui évoque 'votre mari' ou 'votre compagnon'. Il était donc nécessaire de créer des documents communautaires qui sachent toucher le public visé. Les associations ont besoin d'outils adaptés pour que la thématique soit correctement traitée au sein de nos communautés", détaillent au Parisien les porte-paroles de la Fédération.
Cette campagne prend donc la forme de "documents communautaires", et plus précisément d'affiches, de dépliants informatifs, mais également d'une petite carte précisant des numéros d'urgence. Au sein de ces dépliants, on nous rappelle notamment les différents "visages des violences conjugales". Dans un premier temps, affiches et prospectus sont amenées à prendre place au sein des locaux des associations LGBTQ, comme le propose le réseau, qui l'assure : "C'est le premier pas vers une parole libérée !".
Initiée en collaboration avec la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH pour les intimes), cette campagne déclinée en prospectus et dépliants très visuels met en avant une assertion forte : "Ca n'arrive pas qu'aux hétéros". Et rappelle au gré de ses informations précieuses mises en évidence que les violences peuvent tout aussi bien prendre la forme d'abus physiques et d'emprise financière, que de menaces, ou encore de manipulations psychologiques.
L'occasion de briser un tabou certain, celui des violences dans les couples lesbiens. Un sujet tant et si bien ignoré que ces violences n'ont même pas eu droit de cité au sein du Grenelle des violences conjugales lancé en septembre 2019. Pourtant, rappelle Le Parisien, une étude du ministère de l'Intérieur nous apprend qu'en 2018, sur 121 femmes tuées dans le cadre de violences, 3 l'ont été par leur compagne. Mais ce n'est pas tout. Selon une méta-analyse américaine du William Institute parue en 2015 et citée par le communiqué du réseau LGBTQ, 25 à 40,4 % des femmes en couple homosexuel auraient déjà subi des violences conjugales.
Les situations d'emprise, de violences sexuelles, de domination physique et psychologique, ne sont pas rares dans ce cadre. "Décès, blessures, mauvaise santé mentale, stress post-traumatique : autour des violences conjugales se trouve un enjeu majeur de santé publique. La lutte contre ces dernières ne doit pas s'adresser qu'aux victimes", prévient encore la Fédération, qui aimerait que ces dépliants soient mis aux yeux de "l'entourage, des voisin·e·s, des collègues", et souhaitent donc la diffusion progressive de leur campagne aussi globale que possible.