Outre-Manche, comme partout dans le monde, les violences conjugales ont dramatiquement augmenté pendant le confinement. Un rapport publié par les député·e·s britanniques en avril dernier révélait que les féminicides avaient doublé en 21 jours pendant la pandémie. Et en mai, les appels au service national d'assistance téléphonique pour les violences domestiques avaient augmenté de 66 %.
Pour faire face à cette croissance dramatique, la totalité des compagnies ferroviaires du territoire a adhéré au plan "Rail to Refuge" en mars 2020, un dispositif initialement mis en place par la firme Southeastern six mois plus tôt, après qu'un de ses chefs de gare, Darren O'Brien, soit tombé sur un documentaire qui faisait état du fléau. Par ce biais, les victimes de violences conjugales ont pu prendre un billet de train jusqu'à un refuge sans débourser un sou, ceux-ci étant parfois situés à des centaines de kilomètres de leur domicile.
En un an, 1348 concerné·e·s y ont eu recours, soit 4 personnes par jour dont 352 enfants de plus de 5 ans, détaille The Independent. Deux-tiers d'entre elles ont confié qu'un tel trajet n'aurait pas été possible autrement. D'abord conçu pour s'arrêter début avril 2021, le concept vient d'être prolongé jusqu'à nouvel ordre.
"Les femmes sont confrontées à de nombreux obstacles lorsqu'elles veulent échapper à un agresseur", commente Farah Nazeer, directrice générale de l'association Women's Aid, auprès du journal. "Quitter votre maison parce que vous et vos enfants ne sont pas en sécurité est une démarche énorme. De plus, quitter l'agresseur engendre une période dangereuse, car la probabilité de violence après la séparation augmente considérablement ; il faut donc le faire de la manière la plus sûre possible."
Elle poursuit, insistant également sur le manque de structures dédiées au Royaume-Uni : "De nombreuses femmes et enfants doivent parcourir de longues distances pour échapper à leur agresseur. Il y a toujours une grave pénurie de places dans les refuges, il est donc essentiel que les femmes ne soient pas empêchées d'accéder à cette sécurité à cause du coût du voyage".
Ce programme, assure la responsable, a permis de "sauver la vie" de centaines de femmes et de leurs enfant. Elle l'affirme : de nombreuses victimes ont enduré des années d'abus économiques et ne pourront pas avoir accès à une banque, à une carte de crédit ou à de l'argent liquide. "Les femmes nous disent qu'elles n'ont pas les moyens de partir parce que l'agresseur a contrôlé leur argent et qu'elles n'en ont pas elles-mêmes".
Pour y accéder, il suffit de prendre contact avec un service affilié à l'une de ces organisations : Women's Aid, Welsh Women's Aid, Scottish Women's Aid ou Imkaan, une association qui se consacre à la lutte contre la violence contre les femmes et les filles noires et issues des minorités. C'est ce qu'a fait Ava, une jeune femme qui a témoigné auprès du quotidien expliquant à quel point "Rail to Refuge" l'avait aidée, alors qu'elle n'avait que 10 livres en poche (environ 12 euros) en quittant son partenaire violent.
Un plan d'urgence tristement nécessaire, qu'on espère voir se développer au-delà des frontières britanniques.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.