Magali Blandin, 42 ans, était éducatrice spécialisée et mère de quatre enfants. En septembre 2020, elle avait porté plainte pour violences à l'encontre de son mari, Jérôme Gaillard, après avoir quitté le domicile conjugal, détaille Europe 1. Le 11 février dernier, alors en instance de divorce, elle disparaissait. Un peu plus d'un mois plus tard, le 19 mars, son corps a été retrouvé dans la commune où résidait son époux, en Ille-et-Vilaine.
L'homme interpellé a rapidement avoué "être l'auteur du meurtre prémédité de son épouse", a affirmé le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc, lors d'une conférence de presse tenue samedi soir. ""Il dit que lorsqu'elle est sortie, il lui a asséné un violent premier coup de batte de baseball puis un second pour s'assurer de son décès avant de rentrer le corps dans l'appartement où elle logeait, et refermer la porte derrière lui", a relaté le procureur. Il a ensuite enterré sa victime dans la forêt.
L'assassin est passé devant le juge pour mise en examen après 48 heures de garde à vue. Son incarcération est requise, d'après le magistrat, et ses parents ont été arrêtés et placés en détention pour "complicité de meurtre par conjoint".
Une affaire d'une "très grande complexité", estime-t-il, puisque "ce crime, qui s'inscrit dans la triste liste des homicides conjugaux, trouve sa spécificité dans son inscription dans une bande organisée qui regroupe tant les parents de Jérôme Gaillard que des proches de la communauté géorgienne à laquelle il loue un hangar". Quatre de ses membres, trois hommes et une femme, ont été depuis mis en examen. Ils sont, entre autres, suspectés de "tentative d'extorsion en bande organisée" et d'avoir participé à un "complot criminel" visant à éliminer Magali Blandin, amorcé dès novembre 2020. Jérôme Gaillard leur aurait versé 20 000 euros pour exécuter son épouse, ce qu'ils contestent.
Pour son avocat, Jean-Guillaume Le Mintier, "ce qui a conduit [ce dernier] à commettre cet acte, c'est la peur de perdre la garde de ses enfants", ainsi que "la détresse psychologique" dans laquelle il se serait retrouvé "après le départ de son épouse, qu'il n'avait pas du tout anticipé", confie-t-il au micro de France Bleu Armorique. Une explication lunaire à un acte aussi brutal, qui rappelle l'insupportable qualification de "crime passionnel" trop longtemps donnée aux féminicides.
Ce féminicide justement, est le 23e de l'année, souligne le collectif #NousToutes, qui interpelle une fois de plus le président de la République et le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti : "Déclenchez un plan d'urgence à la hauteur." Il est aussi la preuve terrible qu'encore en 2021, la plainte est loin de protéger toutes les femmes qui subissent les actes odieux de leurs (ex-)conjoints.
"Le couple venait de se séparer. Elle a été tuée à coups de batte de baseball. De batte de baseball. Elle avait déposé plainte pour violences. La plainte avait été classée sans suite. En fait, rien ne change. C'est désespérant et révoltant", s'indigne la sénatrice PS Laurence Rossignol.
Au gouvernement, la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Elisabeth Moreno s'est de son côté dite "touchée par le drame de Magali Blandin et de ses quatre enfants qui sont aujourd'hui orphelins parce qu'un homme n'a pas accepté qu'elle le quitte". Ce crime, a-t-elle poursuivi sur Franceinfo, "me donne encore plus de détermination pour lutter contre ce fléau dans notre pays et nous y sommes totalement mobilisés". Vivement qu'enfin, ces actions se concrétisent et surtout, portent leurs fruits.