Samedi 21 janvier, au lendemain de l'investiture de Donald Trump, des centaines de milliers de femmes et d'hommes sont descendues dans les rues du monde entier pour protester contre les saillies misogynes du nouveau président américain et défendre leurs droits.
À Washington, où se tenait la principale Women's March, les chiffres officiels avancés par la municipalité ont dépassé toutes les attentes de ses organisatrices. 200 000 personnes étaient attendues. Elles ont finalement été un demi-million à battre le pavé pour revendiquer leurs droits et défier le nouveau président des États-Unis qui, lors de sa campagne présidentielle, avait tenu des propos hallucinants de violence à l'égard des femmes.
Inclusive et ouverte à toutes et tous, la Women's March de Washington ne s'est pas contentée de se positionner uniquement contre la politique du nouveau président américain. Les organisatrices l'ont martelé : si elles invitent les femmes et les hommes à marcher, c'est pour faire valoir leurs droits dans une période qui "s'annonce très sombre" aux Etats-Unis et dans le monde. À l'heure où les conservatismes et les partis liberticides et identitaires gagnent du terrain dans les urnes, marcher ce 21 janvier était se positionner pour l'égalité entre les genres, pour le droit des femmes à disposer librement de leur corps, celui de la communauté LGBTQ et des minorités. Mais aussi se battre pour l'environnement, pour défendre le système social et éducatif. Une convergence de combats salutaire et concrétisée par la participation à la Women's March des mouvements l'American Indian Movement, Occupy Wall Street, Marriage Equality ou encore Black Lives Matter.
À Washington, mais aussi simultanément dans plusieurs autres grandes villes américaines, les manifestants ont défilé en martelant des slogans comme "voilà à quoi ressemble une démocratie" et appelant le nouveau gouvernement à les écouter. D'après les chiffres officiels, ils étaient 500 000 à Los Angeles, 250 000 à Chicago, 200 000 à New York, 100 000 à Denver et Boston. Des rassemblements ont aussi été observés à Atlanta, à Oakland, à Austin, à Phoenix et à Pittsburg.
Bob Bland, activiste et co-organisatrice de la marche à Washington, parle évoque un "moment incroyable de l'Histoire", où "la vision d'un mouvement citoyen profond, mené par des femmes de se battre pour la justice et l'équité se concrétise".
Ailleurs dans le monde aussi, des femmes et des hommes sont descendus dans la rue pour afficher leur solidarité avec les femmes américaines. Ce 21 janvier 2017, une soixantaine de pays situés sur sept continents ont organisé leur propre Women's March. Jusqu'en Antarctique, où une trentaine de personnes – essentiellement des chercheurs et des scientifiques - se sont rassemblées pour défendre les droits des femmes.
À Londres, rapporte la correspondante de Libération, les organisateurs ont compté 100 000 participants. À Paris, des milliers de manifestants ont répondu à l'appel de la Coordination pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF) en participant à la grande marche reliant le Trocadéro à École Militaire, et à laquelle s'étaient jointes 65 associations pour la défense des droits humains, ainsi que les principaux partis de gauche.
Des marches des femmes ont aussi été observées ailleurs en France – à Lyon, Marseille et Montpellier notamment – mais aussi à Madrid, à Bruxelles, à New Dehli, à Stockholm, ainsi qu'à Sydney en Australie et à Auckland en Nouvelle-Zélande. Au total, rapporte France Info, ce sont deux millions de femmes qui ont battu le pavé pour défendre leurs droits.
Des manifestations monstres, qui n'ont pas désarçonné le nouveau président américain. Sur son compte Twitter, Donald Trump a réagi aux Women's March comme à son habitude : en accusant les médias de mentir sur le nombre de participants aux manifestations.
"J'ai regardé les manifestations hier mais j'ai comme l'impression que nous venons d'avoir une élection! Pourquoi ces gens ne sont-ils pas allés voter?", a-t-il tweeté dimanche au lendemain de la Women's March, peu enclin à rappeler que c'est Hillary Clinton qui avait remporté le vote populaire avec 65,8 millions de voix contre 63 millions pour Donald Trump.
Il a ajouté un peu plus tard dans dans la journée : "Les manifestations pacifiques sont une caractéristique de notre démocratie. Même si je ne partage pas toujours, je reconnais les droits des personnes d'exprimer leurs points de vue." Au moins un droit, protégé par le premier amendement de la Constitution américaine, auquel il ne touchera heureusement pas.