Cela pourrait être la plus grosse mobilisation jamais vue aux États-Unis depuis les manifestations contre la guerre du Vietnam en 1973. Ce samedi 21 janvier, au lendemain de la cérémonie d'investiture qui intronisera Donald Trump 45e Président des États-Unis, des milliers de femmes ont prévu de descendre dans les rues de Washington. L'objectif de la Women's March of Washington (WMW) : défier le nouveau président, auteur de plusieurs dérapages sexistes et misogynes durant la campagne présidentielle, mais aussi réaffirmer leurs droits, ainsi que ceux des minorités ethniques et de la communauté LGBTQ.
Proche des lobbies pro-armes à feu, ambigu sur la question de l'avortement, le nouveau président américain inquiète les féministes américaines. La nomination du fervent créationniste Mike Pence à la vice-présidence des États-Unis a achevé de les convaincre que les droits des femmes et des personnes LGBTQ pourraient bientôt être remis en question. "La nouvelle vague du mouvement pour les droits des femmes est en train de naître, affirme à Grazia Paola Mendoza, co-organisatrice de la Marche. Nos voix s'élèvent dans une période très sombre aux États-Unis".
Depuis le mois de décembre, la fronde s'organise et se structure. Jusqu'à 400 000 personnes pourraient marcher samedi dans les rues de Washington en guise de protestation contre le nouveau président. Mais si la WMW est organisée par trois femmes pro de la communication numérique et des médias, la résistance a commencé à des milliers de kilomètres de Washington. "Tout est parti de la proposition de Theresa Shook, une grand-mère habitant à Hawaï, au lendemain de la victoire de Trump, explique à Grazia la porte-parole de la WMW Cassidy Fendlay. Theresa a créé un événement privé destiné à quarante amies Facebook et, en quelques heures, des milliers avaient répondu présentes."
Aujourd'hui, l'événement a pris une incroyable ampleur. Soutenue par des associations féministes, écologistes et anti-racistes, ainsi que par des organisations professionnelles comme le Planned Parenthood (le planning familial américain) et Amnesty International, la Women's March prévue du 21 janvier dépasse les espérances de ses co-organisatrices. Elles qui avaient prévu de mobiliser une centaine de manifestantes se retrouvent à gérer l'afflux de participants s'étant inscrits à l'événement Facebook. Des bus ont été affrétés pour aider les manifestants à se rendre à Wshington et un site, MarchMatch.org, les met en relation avec des habitants acceptant de les loger gratuitement.
Les organisatrices de la Women's March mettent aussi à disposition sur le site une appli et des outils de géolocalisation pour mieux se retrouver, ainsi que des affiches graphiques et engagées à imprimer. Elles invitent aussi les participants à expliquer pourquoi elles comptent défiler sous le hashtag #WhyIMarch. "Nous allons envoyer un message fort à notre nouveau gouvernement, pour son premier jour au pouvoir, et au monde : que les droits des femmes sont des droits de l'Homme", explique la co-organisatrice Bob Bland, reprenant la formule utilisée en 1995 par Hillary Clinton, alors première dame, et aujourd'hui entrée dans l'histoire.
Pourtant, la WMW veut rassembler au-delà des femmes concernées par leurs droits et se veut une manifestation inclusive, à laquelle les hommes peuvent aussi participer. Expérience réussie du féminisme intersectionnel, elle s'inscrit aussi dans une volonté de se battre pour les droits LGBTQ et celui des minorités. Vivement critiquées au début de leur initiative pour ne pas avoir inclus de femmes issues de minorités ethniques, les organisatrices ont depuis élargi la direction de la Women's March en recrutant l'Afro-féministe Tamika Mallory, la musulmane Linda Sarsour et Carmen Perez, d'origine hispanique.
C'est dans cette même volonté de rassembler au-delà du genre, de la couleur de peau, de la nationalité ou encore de l'orientation sexuelle que d'autres Women's March vont se tenir samedi 21 janvier dans d'autres villes américaines et s'exporter partout dans le monde.
De Hawaï à Madrid, plus de 600 déclinaisons nationales de la Women's March sont prévues samedi. En France, la principale manifestation se déroulera à Paris sous l'égide d'associations féministes et de défense des droits humains.
À 14 heures, le cortège partira du Trocadéro pour rejoindre le Mur pour la Paix devant l'École militaire. Pour les associations françaises, la Women's March parisienne est évidemment l'occasion de soutenir les femmes américaines, mais pas seulement. "Nous considérons qu'il est primordial à l'heure actuelle de défendre de manière universelle les droits des femmes", nous explique Françoise Morvan, présidente de la Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF) qui co-organise l'événement. "Ici aussi, on voit bien certaines menaces se profiler. Dimanche, au lendemain de notre Women's March, aura lieu une manifestation anti-IVG. On voit bien que les femmes et leurs droits fondamentaux que sont les droits sexuels et reproductifs sont remis en cause et combattus. Pour nous, c'est important d'être solidaires des Américaines, mais c'est aussi lancer une alerte en France à trois mois de l'élection présidentielle."
Pour participer à la Women's March à Paris : rendez-vous à 14 heures au Trocadéro, Parvis des Droits Humains.
Arrivée : 15h30, Mur pour la Paix devant l'École Militaire