Tanguy Le Goff : Cette enquête, publiée tous les deux ans depuis 2001, apporte des informations inédites sur l’insécurité en Île-de-France. Elle vise à mieux connaître les facteurs d’insécurité dans cette région afin d’adapter au mieux la politique de sécurité. Ce sont les seules enquêtes en France réalisées à l’échelle d’un territoire régional. 10 500 Franciliens sont interrogés à chaque fois et le mode de recueil n’a pas changé depuis dix ans. Ce recul nous a permis de mesurer de véritables évolutions. D’une manière générale, le sentiment d’insécurité est en baisse sensible depuis 2001.
Tanguy Le Goff : Le sentiment d’insécurité est une notion complexe qui comprend deux dimensions. D’un côté, il y a ce qu’on appelle la peur sociale ou « préoccupations sécuritaires ». C’est ce qui relève de l’inquiétude que peut avoir une population. C’est une crainte générale qui varie selon le territoire, l’actualité politique, le climat médiatique. La particularité de cette peur sociale est donc son caractère extrêmement volatile. Par exemple, les préoccupations « sécurité » ne sont plus en tête des priorités des Franciliens. C’est aujourd’hui l’insécurité sociale et économique qui a pris le dessus. Ensuite, vous avez tout ce qui relève des « peurs personnelles » d’être agressé ou volé en différents lieux (chez soi, dans son quartier, dans les transports en commun). Cette distinction s’appuie sur la définition établie par Frank Fürstenberg, professeur de sociologie à l’université de Pennsylvania (Philadelphie, Etats-Unis). Les « victimations » correspondent aux agressions subies. Il peut s’agir de vols sans violence, agressions, vols de voitures etc.
Hélène Heurtel : Les femmes ont des sensibilités plus ou moins fortes sur ces deux dimensions. Elles sont un peu plus sensibles à la préoccupation sécuritaire. Pour les peurs personnelles, on observe une plus grande différence entre les deux sexes. La peur dans le quartier le soir touche notamment 4 fois plus les femmes. De même, elles craignent plus pour leur sécurité dans les transports en commun. Il apparaît donc que le genre est parfois plus déterminant. C’est lié à la question de la vulnérabilité, les femmes sont plus victimes d’atteintes personnelles. Tous ces aspects viennent nourrir le sentiment d’insécurité.
Voir les résultats complets de l’enquête « femmes et villes » sur la sécurité
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