Après l'affaire des caricatures de Mahomet, il semblerait que la sortie mercredi d’un numéro spécial de Charlie Hebdo rebaptisé « Charia Hebdo » porte à nouveau préjudice à l’hebdomadaire satirique. Un incendie d’origine criminelle a en effet détruit en partie les locaux du journal, situés au 62, boulevard Davout dans le XXème arrondissement de Paris. Les deux tiers du siège sont partis en fumée après le jet d’un cocktail molokov. L’incendie s’est déclaré vers 1 heure du matin et n’a pas fait de blessés. En revanche, la rédaction est devenue inutilisable : à l’intérieur tout a disparu et les ordinateurs ont fondu.
« J'ai été réveillé par la police peu avant 5 heures du matin pour me dire qu'il y avait un incendie criminel à Charlie Hebdo », a expliqué Charb, le directeur de la publication de l'hebdomadaire, à Europe 1. « On ne peut pas faire de journal dans ces conditions : les stocks ont brûlé, la fumée a tout envahi, la maquette où on réalise le journal est impraticable, tout a fondu, il n'y a plus d'électricité », s'est-il désolé.
Le directeur de la publication établi un lien direct entre la sortie du numéro spécial ce jour et l’attaque dont a été victime le siège du journal. Le « Charia Hebdo » a été rebaptisé de la sorte en référence à la victoire des islamistes aux élections tunisiennes et aux annonces faites par le Conseil National de Transition en Libye. Le prophète Mahomet avait été « déclaré » rédacteur en chef de ce numéro afin de saluer ironiquement la victoire des islamistes d’Ennahda en Tunisie. L’hebdomadaire devrait sortir dans les kiosques mercredi malgré l’incendie des locaux cette nuit. « Le journal qui devait sortir aujourd'hui était déjà en route chez les kiosquiers, il sortira normalement », a déclaré Charb à Europe 1. Le directeur a par ailleurs assuré que Charlie Hebdo allait chercher de nouveaux locaux pour continuer à travailler sur le prochain numéro. « Il en va de la survie de Charlie mais sur le principe je ne laisserai pas le terrain aux islamistes », a-t-il soutenu.
Europe 1 révèle également que le site Internet du journal a été victime de piratage. Un message rédigé en anglais et en turc et diffusé sur le site dénonce ainsi l’utilisation de l’image du prophète Mahomet.
Le directeur de la rédaction de Libération, Nicolas Demorand, a invité ce matin les journalistes de Charlie Hebdo à venir s'installer dans les locaux de son quotidien.
Crédit photo : AFP
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