Forme
Pilule 3e génération : faut-il changer de moyen de contraception ?
Publié le 23 janvier 2013 à 12:41
Par Marie-Laure Makouke
La pilule de troisième génération vit-elle ses dernières heures ? Accusée d’augmenter les risque de thrombose veineuse ou d’AVC, elle ne sera plus remboursée à compter du 1er avril prochain. Les gynécologues devront désormais prescrire en priorité des pilules de première ou de deuxième génération. Pourtant, nombreux sont les professionnels qui assurent de l’innocuité des contraceptifs de dernière génération. Michèle Lachowsky, gynécologue-psychosomaticienne, est de ceux-là. Interview.
Pilule 3e génération : faut-il changer de moyen de contraception ? Pilule 3e génération : faut-il changer de moyen de contraception ?
La suite après la publicité
Terrafemina : Les autorités sanitaires recommandent désormais aux gynécologues de prescrire en priorité les pilules de deuxième génération. Sont-elles absolument sans danger ?

Michèle Lachowsky : Il n'y aucun médicament, aucun produit alimentaire qui ne soit sans danger. Je pense que refuser à des personnes qui ne sont pas médecins le droit de prescrire un moyen de contraception - l'autorisation avait été envisagée pour les sages-femmes pour permettre aux jeunes mères de reprendre plus rapidement la pilule - règlera une partie du problème.
La prescription d'une pilule contraceptive n'est pas l'affaire de trois secondes, on ne choisit pas sa contraception comme on choisit des bonbons. Pour chaque méthode, l'évaluation des risques par rapport aux bénéfices est sérieusement prise en compte.
Je regrette que cette psychose vienne perturber des femmes qui étaient enfin soulagées d'avoir trouvé un moyen efficace de contrôler leur fertilité. Ces soupçons risquent malheureusement d'être lourds de conséquences dans les relations entre les patientes et leur praticien.

Tf. : Pourquoi les pilules de troisième et quatrième génération ont-elles été davantage prescrites que les autres ?

M. L. : Nous avions le sentiment qu'elles contenaient moins d'œstrogènes, cette hormone pouvant agir de façon indésirable sur les veines et favoriser la survenue de thrombose veineuse. Les risques d'acné, de prise de poids ou d'augmentation du cholestérol étaient également réduits. Il semblait donc évident que la pilule de troisième génération offrait une meilleure tolérance que celle de première et de deuxième génération.
J'ai lu ici et là que les gynécologues prescrivaient davantage la dernière génération de pilule « pour se remplir les poches » ; un raisonnement aussi affreux qu'insensé. Pensez-vous réellement que nous ayons un quelconque intérêt à engager notre responsabilité en prescrivant un médicament que nous savons pertinemment dangereux pour nos patientes ?

Tf. : Selon vous, les femmes ayant recours  aux pilules de troisième génération doivent-elles changer de moyen de contraception ?

M. L. : Absolument pas. Les patientes auxquelles la pilule de troisième génération a été prescrite depuis plus de six mois et qui la supportent bien n'ont aucune raison d'en changer. Je leur recommande même instamment de poursuivre avec leur contraceptif habituel car c'est lors d'un éventuel changement de pilule, en raison de l'adaptation de l'organisme à une nouvelle molécule, que des problèmes peuvent apparaître et un drame survenir.  
Je tiens à préciser un élément que l'on passe régulièrement sous silence dans cette polémique : la première jeune femme ayant porté plainte et dont la vie est, je le regrette, aujourd'hui fichue, avait une anomalie de la coagulation, un facteur V de Leiden. Ses complications auraient donc pu survenir à n'importe quel instant, plus précisément lors d'un déplacement en avion ou au moment de sa première grossesse. En effet, les risques de thromboses sont six fois plus élevés pendant la grossesse et ce, pour n'importe quelle femme. Doit-on pour autant interdire aux femmes de tomber enceinte ?   

Tf. : Quels sont les alternatives aux pilules contraceptives et quelles sont leurs limites?

M. L. : Culturellement, la France est un pays qui prescrit beaucoup la pilule ; mais effectivement, il existe d'autres moyens de contraception tout aussi efficace. Je pense notamment au stérilet ou au diaphragme. Pour le stérilet, il faut s'assurer qu'il n'y ait aucune infection génitale avant la pause et aucun risque d'IST (infection sexuellement transmissible) dans les années qui suivent. J'ai donc l'habitude d'exiger de mes patientes ayant un stérilet qu'elles veillent encore plus qu'à l'accoutumée à utiliser un préservatif lors de leurs rapports, d'autant plus si les partenaires sont multiples.
Le diaphragme est, quant à lui, rarement prescrit aux adolescentes car il est contraignant et douloureux. Il doit être posé avant l'acte sexuel, laissé en place au minimum huit heures après et enlevé, au maximum, dans les 24 heures suivant la relation. La prescription dépend beaucoup du rapport de la patiente à son corps, car elle ne doit pas avoir peur de se mettre un doigt dans le vagin.  Le diaphragme est par ailleurs déconseillé aux femmes ayant déjà eu plusieurs enfants.
On peut également citer l'implant ou le patch mais, quoi qu'il arrive, hormis pour les patientes ayant vraiment peur des effets de leur pilule de troisième génération, je conseille vivement de ne pas la remplacer par une autre, et surtout, de garder confiance en son gynécologue.

Mots clés
Forme Santé contraception pilule
Sur le même thème
"Il faut en parler !" : la rappeuse Zinée, 27 ans, brise le tabou de l'endométriose, et on admire son courage play_circle
Culture
"Il faut en parler !" : la rappeuse Zinée, 27 ans, brise le tabou de l'endométriose, et on admire son courage
2 septembre 2024
Théâtre : on a vu "Les gens de Bilbao naissent où ils veulent" à Marigny, avec une épatante Bérénice Bejo
Culture
Théâtre : on a vu "Les gens de Bilbao naissent où ils veulent" à Marigny, avec une épatante Bérénice Bejo
14 octobre 2024
Les articles similaires
"J'étais mortifiée" : Naomi Watts parle de ses relations sexuelles compliquées en tant que ménopausée précoce play_circle
Santé
"J'étais mortifiée" : Naomi Watts parle de ses relations sexuelles compliquées en tant que ménopausée précoce
28 janvier 2025
"Maintenant je refuse de me faire opérer par un homme" : des témoignages de viols sous anesthésie inquiètent play_circle
Société
"Maintenant je refuse de me faire opérer par un homme" : des témoignages de viols sous anesthésie inquiètent
8 janvier 2025
Dernières actualités
"Un verre de whisky à 14h c'est OK" : Camille Lellouche brise le tabou de l'alcoolisme au féminin, mais ça dérange beaucoup les internautes play_circle
témoignage
"Un verre de whisky à 14h c'est OK" : Camille Lellouche brise le tabou de l'alcoolisme au féminin, mais ça dérange beaucoup les internautes
21 février 2025
“T’as le même regard qu’une meuf qui suce”, Franck Gastambide accusé par 6 femmes de violences sexuelles, physiques et psychologiques play_circle
scandale
“T’as le même regard qu’une meuf qui suce”, Franck Gastambide accusé par 6 femmes de violences sexuelles, physiques et psychologiques
21 février 2025
Dernières news