On appelle "Covid long", ou "long Covid" en anglais, cette forme du Sars-Cov-2 dont les symptômes s'étalent sur plusieurs mois. Anxiété, souffle court, douleurs musculaires, fatigue ou encore "brouillard cérébral", autant de conséquences physiques et mentales au virus qui paralysent le quotidien de nombreuses personnes au-delà des 2 à 12 jours annoncés notamment par l'Institut Pasteur. Et qui ne sont en rien liées à la sévérité de la maladie lorsqu'elle est originellement contractée.
L'Université de Leicester s'est penchée sur le sujet, observant 1 000 patient·e·s pendant plusieurs mois. Résultat : 70 % d'entre elleux ne se sont pas remis·e·s complètement 5 mois après leur hospitalisation, les femmes demeurant les plus touchées. Et parmi cette proportion, 18 % n'ont pas pu retourner travailler à cause de symptômes persistants, et 19 % ont dû changer d'emploi.
Une étude de moindre envergure réalisée par des chercheur·se·s de l'Université de Glasgow, portant cette fois par 327 adultes infecté·e·s, a de son côté estimé que les femmes de moins de 50 ans étaient sept fois plus susceptibles d'être plus essoufflées et deux fois plus susceptibles de signaler une plus grande fatigue que les hommes du même âge qui avaient eu la maladie, sept mois après leur traitement à l'hôpital.
Des conclusions inégales édifiantes qui, selon scientifiques, pourraient provenir de la façon dont le corps féminin fonctionne.
L'auteur de l'étude écossaise, le Dr Nazir Lone, consultant en soins intensifs à la Royal Infirmary of Edinburgh, explique que cette différence peut s'expliquer par le fait que les femmes pourraient avoir "une réponse immunitaire différente de celle des hommes". Les hommes, cependant, sont plus susceptibles d'être admis à l'hôpital avec un Covid en premier lieu.
Autre possibilité : un lien entre le Covid long et des niveaux supérieurs à la normale d'une substance chimique appelée CRP dans l'organisme des patient·e·s. Phénomène également présent chez les femmes d'âge moyen (entre 40 et 60 ans), qui sont sujettes à des maladies auto-immunes dans lesquelles le corps attaque ses propres cellules et organes sains, souligne l'étude de Leicester relayée et résumée par la BBC.
"Cela pourrait expliquer pourquoi le syndrome post-Covid semble être plus répandu dans ce groupe, mais des recherches plus approfondies sont nécessaires pour comprendre pleinement les processus", prévient toutefois la professeure Louise Wain, titulaire de la chaire de recherche sur les maladies respiratoires à l'université de Leicester.
A l'Université de Glasgow, on a également remarqué que les femmes d'âge moyen avaient plus de risques de présenter un nouveau handicap (affectant souvent la mémoire, la mobilité, la vision et l'audition) que les hommes du même âge qui avaient également été atteints de la maladie. Mais ce constat n'épargne pas non plus totalement les "jeunes adultes de moins de 50 ans, auparavant en bonne santé", les survivant·e·s du nouveau coronavirus suivi·e·s témoignant tou·te·s d'une qualité de vie réduite.
Une découverte qui pourrait avoir "de profondes implications pour la décision politique en matière de pandémie, ainsi que pour la stratégie de vaccination", avance l'autrice principale de l'étude, Dre Janet Scott du Centre de recherche sur les virus de l'Université de Glasgow-MRC. Affaire à suivre.