"Il va revenir ? (soupir) Dis ? Tu crois ? Moi, je pense. (mouchage) Je ne vois pas POURQUOI il mettrait fin, comme ça, en deux minutes, à vingt ans de vie commune. Il m'aime encore. (regard suppliant) Je préfère l'attendre." Clairement, la chose sanglotante et pleine d'espoir qui se tient lamentablement devant vous (votre vieille copine, enfin ce qui y ressemble vaguement) est en phase 1. Bref, dans un déni assez pitoyable de sa rupture duquel vous ne savez comment la sortir sans la blesser, comme on hésite à déplacer un corps sans l'assentiment d'un médecin de peur d'irrémédiablement abîmer un organe vital. Pourtant, c'est peu dire qu'elle vous gonfle depuis que Bertrand, son pourtant pas bien vaillant vieux mari que vous ne voyiez même plus, fossilisé qu'il était sur son canapé, a pris la poudre d'escampette avec une certaine Corinne sans demander son reste.
Bientôt, votre copine passera en phase 2 : la colère (brrr), puis viendra la tristesse, et la vengeance. Vous le savez d'autant plus que vous-même êtes passée par là, comme de plus en plus de vos copines, mais aussi votre mère en son temps, ainsi que ses propres copines. C'est en tout cas ce qui est arrivé à Hélène Bruller, Véronique Grisseaux (auteur de Petit manuel de survie pour les filles qui se font larguer par leurs mecs) et leur copine fraîchement abandonnée Sophie Chédru. Toutes trois, elles sont les auteurs et héroïnes de la BD Larguées, qui nous a fait hurler de rire au point de repenser avec une paradoxale nostalgie (si si) à ces abominables périodes de désarroi post-rupture, ne serait-ce que parce qu'ils sont synonymes d'inoubliables instants de solidarité féminine, et de fous rires nés de l'abyssal désespoir et des virils coups bas (gniark).
Même si vous n'êtes pas très BD, vous ne résisterez pas à ce ton absolument décomplexé, et à ces trois personnages si attachants qui rappellent toutes nos copines, de celles qui ont accompagné les peines de coeur de nos treize ans à celles qui étaient là (parfois les mêmes) lors de la découverte de la liaison du père de nos enfants (ouch). Comme on a toutes été larguées au moins une fois (mais si, mais si, voyons, même Angelina Jolie par Billy Bob, c'est dire), on devrait toutes y trouver notre lot de madeleines de Proust.
Des exemples ?
Vous l'aurez compris, si vous devez vous rendre au chevet d'une amie fraîchement larguée, nous ne saurions trop vous conseiller de débarquer votre remède-miracle à la morosité sous le bras comme on apporte un body nourrisson et une bouteille de vinasse à une récente accouchée.
Mesdames Bruller, Grisseaux et Chédru, merci à vous et à vos ex, sans lesquels nous n'aurions pas autant ri.