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"Ma dignité n'est pas dans la longueur de ma jupe" : des jambes contre l'exclusion d'une étudiante
Publié le 19 mai 2015 à 17:52
Par Marie-Laure Makouke
Quelle que soit leur longueur, il semble que les jupes ne fassent jamais conscensus. Moins de deux semaines après l'affaire de la jupe jugée trop longue d'une collégienne de Charleville-Mézières, une étudiante en droit s'est vue refuser l'accès à sa salle d'examen à l'université d'Alger en Algérie. En cause, sa jupe jugée, cette fois, trop courte.
La réalisatrice algérienne Sofia Djema invite les femmes et les hommes a  posté des photos de leurs jambes pour désacraliser cette partie du corps. La réalisatrice algérienne Sofia Djema invite les femmes et les hommes a posté des photos de leurs jambes pour désacraliser cette partie du corps.© Facebook /Ma dignité n'est pas dans la longueur de ma jupe
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Aussi superficiel soit-il, le sujet de la bonne longueur supposée des jupes des femmes n'en finit pas de susciter la polémique. Au mois d'avril déjà, une adolescente de 15 ans scolarisée dans un collège de Charleville-Mézières, dans les Ardennes, avait été expulsée de son établissement pour avoir porté une jupe jugée trop longue. La collégienne, de confession musulmane, s'était vue accusée de ne pas respecter la laïcité et de contrevenir à la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l'école publique. Une sanction qui avait d'ailleurs rapidement été dénoncée sur Twitter, via le hashtag #Jeportemajupecommejeveux.


La semaine dernière, en Algérie, l'inverse a été reproché à une étudiante en droit. Le 9 mai dernier, alors qu'elle se présentait à l'université d'Alger pour passer un examen, l'accès à la salle lui a été refusé par un surveillant au motif qu'elle portait une jupe trop courte, lui arrivant au-dessus des genoux. Depuis, en réaction et en signe de soutien, des dizaines d'internautes, hommes ou femmes, postent des photos de leurs jambes, dénudées ou non, sur une page Facebook dédiée. Baptisée "Ma dignité n'est pas dans la longueur de ma jupe", cette dernière a été créée par la réalisatrice algérienne Sofia Djema. "Depuis quand décide-t-on de la longueur de ma dignité ? Voici mes jambes, elles ne peuvent choquer que les esprits malsains. Indignez-vous, contre le mépris que vous subissez, indignez-vous contre la corruption, indignez-vous contre l'islamisme d'affaire, contre l'islamisme ordinaire, (...) contre ceux qui vous volent votre humanité, mais pas contre mes jambes. Elles ne vous ont rien fait, au pire elles vous auront plu ou pas...", a ainsi posté la cinéaste le 12 mai dernier, lors de la création de la page.


"La condition de la femme dans l'espace public régresse"


Sur France24.com, Sofia Djema a davantage détaillé ses motivations et l'objectif du mouvement. "Ouvrir cette page sur Facebook a été un réflexe pour moi. C'est très dur ce qui est arrivé à la jeune fille, elle a été humiliée et je ne voulais pas qu'elle se sente seule. C'est aussi une page de soutien envers celles à qui c'est déjà arrivé car c'est un problème récurrent en Algérie. J'ai demandé sur Facebook que l'on m'envoie des photos de jambes et spontanément les gens les ont dévoilées. Même des femmes voilées soutiennent cette opération car elles font face aux mêmes problèmes", a-t-elle expliqué. Et de poursuivre : "C'est un aveu d'échec. Le corps de la femme devient un champ de bataille quand la situation d'un pays est désastreuse. À force de rester silencieuses, on perd nos petits acquis et la condition de la femme dans l'espace public régresse. Aujourd'hui, la violence verbale est quotidienne et normalisée. C'est hyper violent de marcher dans la capitale, à Alger, en jupe ou en pantalon. Même montrer ses bras est devenu problématique, mais les femmes le font. Au pire, c'est une main baladeuse, au mieux, une remarque".


À noter que, de son côté, et malgré les protestations, l'université reste campée sur ses positions, réaffirmant son soutien à son surveillant un peu trop zélé. "Le règlement n'oblige personne à porter le hidjab ou le tchador. Mais il exige une tenue décente, aussi bien pour les filles que pour les garçons. Il n'y a aucune discrimination", s'est contenté de justifier le recteur de l'établissement. Problème, la décence est bien souvent une notion subjective.

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