Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer n'en finit pas de réagir au #Lundi14Septembre. Le mouvement organisé par les lycéennes et collégiennes dénonce les réflexions sexistes que ces dernières subissent fréquemment de la part de l'administration et du corps enseignant. Une indignation en réponse aux surveillant·e·s ou profs qui jugent notamment leurs jupes et t-shirts courts "indécents" ou "provocants", allant jusqu'à les accuser de "déconcentrer les garçons".
Le 14 septembre dernier, premier jour de mobilisation, Jean-Michel Blanquer lançait au micro de BFM TV qu'il suffisait de "s'habiller normalement", de porter des "tenues normales" pour que "tout aille bien". Une expression qui en a laissé nombreux·se·s perplexes, certaines questionnant sa définition de "normalité", et demandant davantage de précision quant à qui en était le ou la juge.
Ce lundi 21 septembrei, le ministre de l'Education nationale réitère. Au micro de RTL, ce n'est pas le terme "normal" qu'il emploie (un brief de ses chargé·e·s de communication ?), mais "républicain". Il insiste ainsi : "Il est important d'arriver à l'école dans une tenue correcte. L'école n'est pas un lieu comme les autres, a insisté Jean-Michel Blanquer. Vous n'allez pas à l'école comme vous allez à la plage ou en boîte de nuit (...) Chacun peut comprendre qu'on vient à l'école habillé d'une façon républicaine."
"Nos enfants sont sous la pression de bien des choses, notamment des marques, de la mode, du regard de l'autre sur les chaussures et les vêtements...", poursuit-il. "Je souhaite qu'il y ait une certaine sobriété en la matière parce que là aussi c'est un enjeu d'égalité sociale puis de protection des filles et des garçons. Je suis très sensible à la défense des jeunes filles en milieu scolaire et très ouvert à la discussion sur ce qu'on peut faire pour améliorer cette protection. Et pour moi ça passe par justement le fait que le vêtement ne doit pas être un facteur ni de stigmatisation ni de discrimination".
Protéger nos filles plutôt qu'éduquer nos fils ? Le message semble terriblement clair, et surtout sourd à la révolte des jeunes filles lasses de l'hypersexualisation de leur corps qui conduit les établissements à leur dicter la façon dont elles peuvent ou non s'habiller.
Pour Jeanne Cherhal, c'en est trop. La chanteuse française a décidé d'appliquer à la lettre les consignes du ministre afin d'en souligner le ridicule. Se conformant aux codes "républicains" prôné par l'homme d'Etat, elle a publié une photo d'elle nue, uniquement vêtue d'un drapeau tricolore.
Un clin d'oeil qui rappelle, non sans ironie, que les figures féminines érigées en modèle par la République sont loin de porter les "tenues correctes" telles que les envisagent de nombreux lycées et collèges (et Jean-Michel Blanquer). Et il n'y a qu'à voir "La liberté guidant le peuple", d'Eugene Delacroix, ou certains bustes de Marianne pour s'en rendre compte...