Kate Battista est assistante dans une classe de maternelle à Baltimore aux États-Unis. Un peu trop directe et parfois blessante aux yeux de la directrice qui l'a à l'oeil. Sa mère est morte quand elle était adolescente et alors que sa soeur Bunny n'avait qu'un an. Le père de Kate est chercheur dans l'immuno-thérapie. A cause de son tempérament très tête en l'air, c'est Kate qui s'occupe de tout le foyer, des courses aux impôts. Elle doit en plus gérer sa soeur de seize ans qui pense plus aux garçons qu'aux études. A presque trente ans, sa famille la raille, avec son caractère, elle finira forcément vieille fille.
Mais voilà, l'assistant de recherche de son père, Pyotr, a des problèmes de visa pour rester aux États-Unis. Son père désespéré demande à Kate de contracter un mariage blanc avec Pyotr.
Pour être honnête, on a eu un peu mal au début à entrer dans l'histoire. Mais les 50 premières pages passées, on se demande vraiment ce qui va se passer. L'héroïne, Kate, va-t-elle céder aux desiderata et à l'angoisse de son père et épouser Pyotr pour un mariage blanc ?
Vinegar Girl nous plonge dans une ambiance de film indépendant américain, avec une touche d'humour new-yorkais. On ne dira pas "woody allenien". Pourtant, l'autrice, Anne Tyler, s'est inspirée d'une pièce de Shakespeare, La mégère apprivoisée, qui conte l'histoire de Catharina et Bianca, les deux filles du très riche Baptista. Catharina l'aînée est rebelle, mais si Baptista veut marier sa belle cadette, il doit trouver un mari à sa première. Malgré son fort caractère, Catharina finira soumise à son mari après de nombreuses privations.
Anne Tyler revisite très finement l'intrigue de cette pièce du XVIe siècle en l'adaptant à notre époque. On s'amuse de la famille de Kate, qu'elle porte comme un fardeau, de son père, à sa soeur, en passant par sa tante envahissante. On se régale du vocabulaire et des manières abruptes de Pyotr, l'assistant russe, qui finit par être le plus direct de tous dans sa relation artificielle avec Kate.
Si vous ne la connaissez pas, Anne Tyler est une romancière à découvrir : elle a gagné en 1985 le National Book Critics Circle Award et le Prix Pulitzer de la fiction en 1989 pour Leçons de conduite. Inspirée du théâtre, Vinegar Girl se prêterait à merveille à une adaptation au cinéma.
La morale de Vinegar Girl peut être dérangeante pour une féministe : peut-on reprendre sa liberté avec cette institution patriarcale qu'est le mariage ? La jeune soeur de Kate est-elle aussi superficielle qu'elle en a l'air ? On vous laisse découvrir la fin.
Sinon, petit détail, mais la couverture où figure une pivoine est vraiment très belle.
Vous aimez les ambiances drôles et piquantes des films indé US "à la Sundance". Sans artifices hollywoodiens. Si vous aimez les histoires de familles compliquées et les livres qui se dévorent tout seuls, avec légèreté. lecture.
Vinegar Girl, Anne Tyler, éditions Phébus, 192 pages, 19 €