Quand je repense à celle que j'étais il y a vingt-cinq ans, et que je compare les informations de l'époque à celles auxquelles j'ai accès aujourd'hui, je comprends pourquoi mon pauvre cerveau submergé a l'impression de tourner aussi vite que les petites éoliennes bon marché que mon mari a installées sur la terrasse.
J'étais à mille lieues de m'intéresser aux articles consacrés au vieillissement. À l'époque, je ne feuilletais Cosmo que pour les articles du genre 3 609 manières de faire plaisir à votre homme.
Un petit conseil: dites-leur oui. Ils n'en demandent pas plus.
Bon, en fait, j'ai menti. Je ne me suis jamais intéressée à ce genre d'articles. Ils m'agaçaient déjà à l'époque. Aujourd'hui, je n'ai même pas envie de leur accorder une seconde de mon temps.
Parce qu'aujourd'hui, je préfère lire un des milliers d'articles sur le vieillissement: pourquoi c'est vraiment horrible d'être vieux (ce qui est faux), choisir l'eye-liner qui convient à une personne de votre âge (il faudra me passer sur le corps pour m'arracher le mien), etc.
J'adore prendre de l'âge. Je me suis sentie mal dans ma peau toute ma vie. Et puis c'est passé. J'ai arrêté de me sentir idiote, parce que je ne le suis pas, et de me flageller parce que j'étais maladroite. Je suis asociale. C'est comme ça, et il y a plein d'autres personnes dans mon cas. Nous formons une vraie tribu. Enfin, une tribu dont les membres préfèrent rester dans leur coin. Il m'est arrivé de repenser à des occasions où j'avais dit ou fait quelque chose de gênant plusieurs décennies après l'événement en question. J'en ai fini avec tout ça. J'ai arrêté de me préoccuper de mon physique. J'ai passé des décennies à angoisser sur chaque cheveu gris et chaque bourrelet.
J'ai arrêté de me teindre les cheveux il y a plus d'un an. Bon, c'est vrai, j'angoisse toujours pour les bourrelets. Mais justement, c'est aussi ça l'important: ça aussi, je fais avec. Je m'accepte telle que je suis. La personne que je suis aujourd'hui aimerait bien être un peu moins boulotte. Mais l'acceptation de soi, c'est mon credo. Et ça, c'est quasiment vrai.
Mon cerveau ne comprend pas que j'ai 52 ans. Dans ma tête, j'en ai encore 31. Mon corps, lui, est tout à fait conscient du nombre d'années qu'il a vécues.
Il y a des choses dont j'ai passé l'âge. Le temps, ça change bel et bien les gens, et je me rends compte qu'il est plus facile d'accepter ces changements que de les combattre.
Voici les choses qui, pour moi, appartiennent vraiment au passé :
Je n'ai plus envie de la boucler quand je suis le témoin ou la victime d'une injustice. Ce n'est pas qu'avant, je ne disais rien. Il m'arrivait de le faire, mais c'était en général pour défendre quelqu'un. Pas pour moi. Et ça, c'est fini. Je ne sais pas exactement si ça améliorera les choses, mais si on me traite mal, je ne me laisserai plus faire.
Ce matin, mon mari et moi sommes allés petit-déjeuner dans un café chic (enfin, chic comparé à la petite gaufrerie du coin). On devait ensuite aller faire des courses. Mes cheveux auraient été très bien si je n'étais pas tombée à court de shampoing sec. Et j'admets que mon jean aurait dû être lavé depuis un bail. Mais franchement... les jeans, ça ne se salit pas, non? Il y avait quatre femmes à la table voisine, et elles portaient toutes des écharpes-tubes. J'ai eu un bref moment de panique. Je faisais un peu négligée et mon mari... mon mari avait carrément l'air d'un clochard. Qu'est-ce que ces dames allaient penser de moi? C'est alors que j'ai décidé que ce qu'elles pensaient de moi ne changerait rien au goût de mon omelette au bacon et avocats. Soit dit en passant, le café est meilleur à la gaufrerie du coin.
Je n'ai plus de plaisirs coupables. J'ai juste des plaisirs. Je ne me sens pas coupable d'aimer Lady Gaga, d'avoir lu tous les livres de Stephanie Plum, et encore moins d'être fan de séries télé, au point de pouvoir les revoir encore et encore. Ma phase Supernatural et Doctor Who, c'est terminé. En ce moment, je me refais un marathon The Walking Dead. Je n'ai qu'un mot à dire: Daryl.
Au diable les chaussures inconfortables. Et tant pis si mes chaussettes sont dépareillées. Tant qu'elles se ressemblent à peu près, ça me convient.
Vous savez pourquoi il y a autant de désordre chez moi? Parce que là, tout de suite, je n'ai pas envie de faire le ménage. Et aussi parce que je suis mal organisée et un peu fainéante.
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