« Méfiez-vous des fausses initiatives du Ruban Blanc » : tel est le message que peuvent lire les internautes qui atterrissent sur le site Internet WhiteRibbon.org. Crée par un groupe masculiniste baptisé A voice for men (Une voix pour les hommes, en français), ce portail est en réalité une pâle copie de celui du mouvement White Ribbon (Ruban Blanc) qui milite, lui, contre les violences faites aux femmes. Né au Canada en 1991, il a vu le jour deux ans après le massacre de l’École polytechnique de Montréal, au cours duquel un homme armé de 25 ans avait tué 14 étudiantes après avoir hurlé : « Vous êtes une bande de féministes et je déteste les féministes ».
Depuis 25 ans, par le biais du site Internet WhiteRibbon.ca, cette association à but non lucratif, s’adressant plus particulièrement aux hommes engagés dans la lutte contre les violences faites aux femmes, lance régulièrement des campagnes de sensibilisation en ce sens. Outre son site historique WhiteRibbon.ca, elle communique également sur ses versions écossaise (WhiteRibbon.org.uk) et australienne (WhiteRibbon.org.au) et y récoltent des fonds pour poursuivre son action. En revanche, aucun de ses portails ne comporte l’extension .org.
Aussi, en lançant un site à l'URL quasi-similaire, A voice for men parasite volontairement le Ruban Blanc et trompe les Internautes qui pense être sur la version américaine du vrai site. Pire, en se revendiquant opposé aux violences « contre tout le monde », en affirmant que les violences conjugales sont autant le fait d’hommes que de femmes ou encore qu’elles n’ont aucun rapport avec le genre, ces antiféministes brouillent le message du mouvement canadien. Un discours erroné et enrichi par des accusations de sexisme à l’encontre du portail original et par une adroite manipulation des statistiques.
Face à cette imitation douteuse, l’association appelle donc ses alliés et partisans à ne pas se laisser abuser. « Nous explorons toutes les options mais nous ne nous lancerons pas dans une bataille publique » avec ces masculinistes, a indiqué Todd Minerson, directeur executive de White Ribbon, dans un communiqué de presse. « Ils peuvent constituer une minorité grandissante, nous continuerons à nous engager avec la grande majorité d’hommes qui croit à l’égalité entre les sexes et veulent faire partie de la solution », a-t-il poursuivi. Un vaste projet.