Si on est né·e de la dernière pluie (comme moi), on découvre 32 ans après sa sortie au Japon le long-métrage d'Isao Takahata, animé par le Studio Ghibli. On plonge dans l'histoire tragique de Seita, 14 ans et de sa petite soeur Setsuko, 4 ans, deux orphelins qui tentent de survivre dans un pays en ruine, bombardé au quotidien par les Américains pendant la Seconde guerre mondiale. Un film mélancolique et bouleversant qui laissera son empreinte dans vos esprits pendant des jours. Mais ce n'est pas tant le contexte en lui-même qui nous achève - et je pèse mes mots - que le contraste entre la légèreté d'une relation fraternelle innocente et la gravité de la situation. L'histoire de deux enfants abandonnés par une famille et une société aveugles, qui s'aiment plus que tout, et qu'on finit par aimer tout autant. Ajoutez à cela la poésie caractéristique de la maison : un chef-d'oeuvre.
Le Tombeau des lucioles, un film d'Isao Takahata à regarder sur Netflix
L'illustratrice d'à peine 30 ans est passionnée de mode, et ça se voit. Elle partage son quotidien dans son immense appartement new-yorkais, accompagnée de Charlie et Baffi (son beagle et son "chien-comptable", comme elle surnomme son scottish terrier), vêtue de tenues vintage qui rappellent les jours de gloire d'Audrey Hepburn. Surtout, Jenny Walton publie ses croquis de défilés, des silhouettes longilignes qui prennent parfois forme sous nos yeux lorsqu'elle se filme en plein travail. On apprécie particulièrement l'humilité et le naturel que dégage l'artiste, et ses contenus entre style pointu, plâtrées de pâtes et palettes de couleurs dénichées dans la rue.
@jennymwalton
Cela commence comme un film de Chabrol. Une médecin de province, son mari, le beau-frère qui emménage dans le pavillon d'en face. Et une soirée où tout bascule. En trois épisodes, cette mini-série adaptée d'un roman d'Ingrid Desjours parvient à broder un suspense hitchcockien hérissé de twists. Au centre de ce puzzle glaçant, Clotilde Hesnes s'impose en héroïne trouble. On frissonne de plaisir en binge-watchant cet Amour fou sur ARTE.
Mini-série Amour fou dispo en replay sur ARTE
Réalisée par Mathias Gokalp
Avec Clotilde Hesme, Jérémie Renier, Majda Abdelmalek, Finnegan Oldfield...
Enfant de l'Amérique suburbaine dépressive, rien ne prédestinait Debbie Harry à devenir la leadeuse du plus grand groupe de power pop au monde et l'incarnation du cool. Comment l'ado timide du New Jersey s'est-elle muée en icône warholienne platine ?
De sa rencontre déterminante avec son compagnon Chris Stein au parcours sinueux de leur "bébé" Blondie au sein de la bouillonnante scène underground new-yorkaise, ce passionnant documentaire revient sur l'éclosion de cette "Barbarella sous acide" (comme la surnomme Iggy Pop). Un portrait girl power d'une pionnière, en pleine conscience de son pouvoir de sexytude, qui a su s'imposer au sein du boys club punk-rock.
Documentaire de Pascal Forneri, Debbie Harry - Atomic Blondie en replay sur ARTE
Celles et ceux qui l'ont vu pousser la chansonnette sur scène savent à quel point The Man est un morceau qui compte aux yeux de Taylor Swift. L'un des plus galvanisants de l'album Lover : l'artiste y raconte à quel point tout serait tellement plus simple si, aussi "girl power" soit-elle, elle était un homme. Une chanson douce-amère qui booste comme il faut et a désormais droit à un clip réalisé par la chanteuse herself.
Dans ce court-métrage jubilatoire, Taylor devient "Tyler" et égratigne comme il faut les masculinités toxiques : grotesque ersatz de Jordan Belfort qui s'égosille (mais si, vous savez, le protagoniste du Loup de Wall Street), manspreading éhonté dans les transports en commun, pisse en pleine station de métro... La "Miss Americana" poursuit sa grande virée pop-féministe et tacle les mâles alpha sans prendre de pincettes. Tant mieux !
The Man par Taylor Swift.
Miss Anthropocene n'est pas un album comme les autres. C'est une réflexion musicale sur le réchauffement climatique et l'intelligence artificielle. Mais c'est également un voyage sensoriel de 44 minutes, où la jeune artiste (Claire Boucher de son vrai nom) conjugue - sur le fond - ses angoisses et rêveries, sans jamais cesser - sur la forme - d'expérimenter. Pour notre plus grand plaisir bien sûr.
D'où ce grand mix de sonorités à la fois stellaires, mélancoliques et électrisantes, s'achevant sur un libérateur "IDORU" (dont le clip vient tout juste de tomber). Après plusieurs écoutes, force est de constater que Miss Anthropocene est une odyssée aussi futuriste qu'un son de Charli XCX... C'est dire !
Miss Anthropocene, par Grimes.
Label 4AD. Disponible depuis le 21 février.