En France une femme s'est faite sortir d'une CAF pour avoir allaité son bébé dans la salle d'attente en juillet. Le même mois, une Américaine s'est couvert la tête alors qu'on lui demandait de se cacher la poitrine dans un restaurant. Sa réplique géniale a fait le tour des réseaux sociaux début août. En France, 41% de femmes trouvent "embarrassant" d'allaiter en public selon une étude de la marque d'objets de puériculture Lansinoh datant de 2015.
Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Selon la chercheuse Amy Bentley, autrice de "Inventing Baby Food", "Inventer la nourriture pour bébé", sur le site de Slate : "La sexualisation de la poitrine s'est accélérée après la Seconde Guerre mondiale, avec les posters de pinup, le porn soft d'après-guerre comme le magazine Playboy et la popularité d'icônes Hollywood comme Marilyn Monroe." Elle ajoute : "Plus les seins se sexualisaient et moins ils étaient fonctionnels [...] Par conséquent, les seins étaient pour les hommes et le sexe."
À partir des années 50-60, allaiter en public devient tabou et dégoûte les Américain·e·s. Mais il y a aussi une question de racisme dans l'allaitement en public. Des magazines, comme le National Geographic, affichant des femmes noires de pays en développement en train d'allaiter, confortent les Américains dans l'idée que l'allaitement n'est pas un signe de modernité. La nourriture industrielle devient associée aux blancs et à une société dites "civilisée".
Mais heureusement, les mentalités évoluent peu à peu. Plusieurs initiatives visent à briser le tabou de l'allaitement en public. En juillet, le mannequin Mara Martin a défilé à Miami avec sa fille en donnant le sein à sa fille. À Bruxelles, des bars s'engagent depuis août à accueillir les femmes qui allaitent avec la campagne #BreastFriendly
Lancé il y a trois ans, le projet "Anytime Anywhere", "n'importe où, n'importe quand", des photographes Irmina Walczak et Sávio Freire célèbre l'allaitement comme un acte naturel dans plusieurs pays du monde.