L'avortement n'a jamais été acquis partout aux Etats-Unis, et depuis 2017, date de l'investiture de Donald Trump, il ne cesse d'être de plus en plus menacé.
Au Mississippi déjà, la loi la plus dure du pays en matière de droit à l'IVG a été promulguée au mois de mars 2019, interdisant l'avortement une fois que les battements du coeur sont détectés, soit à environ 6 semaines d'aménorrhées (ce qui correspond à six semaines depuis le premier jour des dernières règles), ou 4 semaines depuis la fécondation. Quasiment aucune chance de se rendre compte de sa grossesse à temps pour avorter donc. Nommée la Heartbeat Bill ("loi du battement de coeur" en français), elle permet de faire une exception en cas de complications mais plus en cas de viol ni d'inceste.
C'est au tour du Texas, l'un des Etats les plus conservateurs du pays, de faire parler de lui dans le domaine. Les 8 et 9 avril, une proposition a été entendue pour la deuxième fois à la Chambres des représentants du Texas, lors d'un débat devant la Commission de la justice et du droit civil, qui voudrait que l'avortement soit considéré comme un homicide et soit ainsi passible de la peine de mort, dans l'Etat qui compte d'ailleurs le plus d'exécutions capitales du pays.
D'après certain·es des 446 personnes qui soutiennent le projet, l'avortement est un "homicide" annonçant "la colère de Dieu", comme le rapporte le Washington Post. Pour Jim Braxa, président de l'organisation anti-avortement West Texans for Life, "une femme qui commet un meurtre doit être punie par un meurtre". Une autre partisane de la proposition avance qu'il "manquait des milliards de dollars aux contribuables", car les foetus avortés "ne seront jamais imposables", indique The Cut.
Des arguments qui n'ont apparemment pas convaincu la Chambre des représentants, puisque celle-ci n'a pas encore donné suite à la proposition. Après la séance, Victoria Neave, représentante démocrate du comté de Dallas, s'est exprimée sur le sujet : "J'essaie de concilier dans ma tête les arguments que j'ai entendus ce soir sur le fait que l'on est essentiellement d'accord pour soumettre une femme à la peine de mort (...) pour lui faire exactement la même chose qu'on prétend qu'elle fait à un enfant".
Si la loi, on l'espère, ne sera certainement pas promulguée (à l'instar d'un projet similaire en Ohio, qui visait aussi les médecins pratiquant l'IVG), elle inquiète cependant terriblement quant à la cause des droits des femmes dans le pays, de plus en plus menacés depuis l'élection du 45e président.