Le phénomène est tel que les pneumologues parlent de "pandémie mondiale". Le cancer du poumon ou cancer bronchique est la première cause de mortalité par cancer chez les Américaines, et le même scénario pourrait advenir en France. Pour cause, sa progression exponentielle alarment les spécialistes, lesquels se rassembleront du 21 au 23 janvier 2022 lors du Congrès de pneumologie de langue française pour en dresser un état des lieux.
A cette occasion, l'étude épidémiologique dite KPB-2020 et menée sur 9 000 patientes sera présentée. On y apprend notamment que plus de 34 % des femmes ont été touchées par un cancer du poumon en 2020, contre 16 % en 2000. Chez les sujets de moins de 50 ans, ce chiffre atteint même les 41 % .
"On avait déjà vu une progression de 16 à 24 % entre 2000 et 2010. Mais là, ça continue, le constat se confirme et malheureusement au-delà de ce qu'on avait prévu", constate le docteur Didier Debieuvre, qui a mené l'étude, auprès de France Inter.
Le facteur principal de la maladie reste le tabac, démontre le rapport, à l'origine de plus de 85 % des cas. "Cette augmentation est clairement à relier à l'augmentation du tabagisme chez les femmes. On est loin désormais de l'image du cancer du poumon réservé à l'ouvrier gros fumeur", analyse encore le médecin.
Seulement, la proportion de non-fumeurs (celles et ceux qui n'ont jamais fumé, ou pas plus de 100 cigarettes dans leur vie) a elle aussi tendance à croître, avec 12,6 % de malades concerné·e·s en 2020 contre 7,2 % vingt ans auparavant.
"Chez les hommes, on atteint une sorte de plateau du nombre de cas, c'est clairement chez les femmes que ça augmente, et c'est ce qu'on voit dans nos consultations", ajoute Dr Debieuvre. Chez les jeunes en revanche, la proportion de cancers semble également diminuer, même si, note-t-il, il faut prendre en compte que le dépistage est moins courant pour cette tranche de la population.
Et puis, il y a les consommateurs et consommatrices de cannabis, qui peuplent de plus en plus les rangs des personnes diagnostiquées (souvent à un stade trop tardif, par ailleurs) : un tiers en fument régulièrement.
L'espoir se loge alors dans l'avancée des traitements. Les thérapie ciblées, immunothérapies... "Les mutations génétiques à l'origine de ces cancers sont beaucoup plus systématiquement recherchées", note encore le service public. "Aujourd'hui, c'est même devenu la routine : en 2020, 88 % des patient·e·s ont bénéficié d'une recherche de mutation qui a permis de trouver le traitement le plus adapté". L'amélioration de la survie pourrait donc se dessiner dans les années à avenir.