C'est une découverte qui pourrait révolutionner la vie des femmes en âge de procréer et qui ont eu un cancer. Des chercheurs du laboratoire de biologie de la reproduction du Rigshospitalet au Danemark, ont réussi à recréer des ovaires artificiels. Les résultats de ce travail étaient présentés ce lundi 2 juillet au Congrès européen de médecine de la reproduction qui se tient actuellement à Barcelone.
Les femmes atteintes de cancers se font déjà proposer la congélation de leurs ovocytes avant des traitements qui peuvent avoir des conséquences sur leur fertilité. Une fois le traitement terminé et une fois qu'elles sont en rémission, si elles le souhaitent, les ovocytes peuvent être réimplantés dans leurs ovaires. Mais pour certains cancers, comme celui des ovaires ou la leucémie, les ovaires peuvent être atteints au cas où le cancer reviendrait. Il n'est donc pas sûr de réimplanter les ovocytes pour les patientes à haut risque.
L'équipe danoise de chercheur·euse·s a donc créé un ovaire artificiel qui agit comme une barrière face au cancer. Les scientifiques ont réussi à dépouiller le tissu ovarien d'une donneuse de toutes ses cellules. Ne reste qu'un canevas de collagène et de protéines. Sont ensuite implantés sur ce canevas des follicules qui contiennent des ovocytes à un stade de développement jeune.
La doctoresse Susanne Pors du laboratoire de biologie de la reproduction du Rigshospitalet a expliqué au site de la European Society of Human Reproduction and Embryology qui organise le congrès : "Nous avons ensuite découvert que les cellules ovariennes et les follicules à un stade précoce étaient capables de recellulariser le tissu décellularisé in vitro en repeuplant et en migrant avec succès dans le canevas". L'ovaire artificiel contenant vingt follicules humains a ensuite été implanté sur une souris et cinq follicules ont survécu pendant au moins trois semaines. Des vaisseaux avaient commencé à se former autour de l'ovaire artificiel pour le nourrir.
"C'est la première fois que des follicules humains isolés ont survécu dans un tissu humain décellularisé", souligne-t-elle la chercheuse. "Cela pourrait offrir une nouvelle stratégie de préservation de la fertilité sans risque de récidive des cellules malignes."
Il faudra entre cinq à dix ans avant de pouvoir en implanter à des femmes. Interrogée par le Guardian, Susanne Pors explique : "C'est la première preuve que nous pouvons réellement faire vivre ces ovules. C'est une étape importante et c'est sur la bonne voie [...] Mais il faudra des années avant qu'on puisse en mettre un dans une femme." Selon la European Society of Human Reproduction and Embryology : "Le groupe danois possède de loin la plus grande expérience européenne en matière de stockage de tissus ovariens pour la préservation de la fertilité."
Cette recherche fructueuse donne de l'espoir notamment aux femmes jeunes atteintes de cancer qui souhaiteraient avoir un enfant.