Votre première réaction sera probablement de détester cette équipe d’ingénieurs. Et pourtant, en découvrant cette «faille» avant des personnes moins bien intentionnées, ils ont peut-être évité l’émergence d’un nouveau type de piratage clandestin, des plus insidieux. Toutes les méthodes de piratage informatique à distance impliquaient jusqu’ici que l’ordinateur soit connecté à Internet. Pour les ordinateurs requérant une sécurité très importante, l’une des méthodes utilisées était donc de les isoler du réseau, les éloigner des autres machines, et d’en réglementer l’accès physique.
Ce qu’a montré cette équipe, c’est qu’en utilisant un matériel aujourd’hui rudimentaire - les mêmes hauts parleurs souvent de piètre qualité que l’on trouve dans tous les ordinateurs portables - il était possible de transmettre des données dans un périmètre d’une vingtaine de mètres autour de la machine. Du reste, l’immense majorité des ordinateurs de bureau sont aujourd’hui eux aussi équipés de hauts-parleurs, parfois même intégrés. Une grande proportion de ces ordinateurs étant aussi équipés de microphones, une personne malintentionnée a tous les éléments pour créer, par exemple, un réseau clandestin impliquant à la fois des machines ultra-sécurisées non connectées à internet, et d’autres, qui s’y connectent.
« Le but de notre article, c’est de montrer comment la totalité du concept des ‘air gaps’ ou isolement total d’une machine, est absolument obsolète », expliquent les chercheurs, cités par le site Gizmodo.com (en anglais). Seul point rassurant dans cette histoire, la piètre qualité de la connexion ainsi obtenue (20 bits par seconde, 1000 fois moins rapide que la connexion dont disposait, à l’époque, le Minitel!), car un tel débit ne permet pas de transmettre des fichiers entiers. Mais cela pourrait suffire à récupérer des mots de passe. Même déconnectés d’internet, les ordinateurs contenant les données les plus sensibles ne sont donc pas à 100% sûrs… à moins de leur enlever leur hauts parleurs et leur microphone…