La demande avait été formulée le 8 mars dernier par François Hollande : atteindre les 40% de femmes entrepreneuses, quand aujourd’hui on plafonne à un petit 30%. Depuis, sous la houlette de la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, un comité de pilotage composé de cheffes d’entreprise, de partenaires institutionnels et de réseaux d’accompagnement a planché sur les moyens à mettre en œuvre pour atteindre une quasi parité dans la création et la reprise d’entreprise. La ministre présentait mardi son plan, accompagnée par Fleur Pellerin ministre chargée des PME et Geneviève Fioraso ministre de l'Enseignement supérieur.
« On ne naît pas entrepreneur, on le devient » assène André Marcon, président de CCI France, dans sa lettre aux femmes qui veulent entreprendre publiée le 26 août dans les Echos. Et ce, dès le plus jeune âge. Or, pour l’heure, la création d’entreprise n’est pas assez valorisée auprès des petites filles. La France accuse même un retard par rapport à l’Allemagne, au Royaume-Uni ou même aux États-Unis. Pour Geneviève Fioraso, une des barrières à combattre est la peur de l’échec, une pathologie qui serait bien française. Elle considère pourtant que « l’échec est un véritable tremplin ». Pour ne plus que cette peur freine l’entrepreneuriat féminin, c’est le système pédagogique qu’il faut revoir : la ministre cite les États-Unis, où par exemple les « afterfails » redonnent un second souffle après un plantage.
Pour donner aux femmes le goût d’entreprendre très tôt, Najat Vallaud-Belkacem envisage de sensibiliser les jeunes filles dès la sixième, puis tout au long de leurs études. Déjà expérimentée dans cinq académies cette année, une semaine de rencontre avec des cheffes d’entreprise aura lieu l’année prochaine dans toute la France, a ainsi annoncé la ministre. L’idée est de changer les mentalités et les stéréotypes : « il faut éduquer les garçons à savoir qu’ils pourront être sous les ordres d’une femme », explique la ministre des Droits des femmes. Geneviève Fioraso entend également briser quelques clichés, notamment « la représentation de l’image de la femme chef d’entreprise », souvent caricaturée en business woman revêche.
Dès octobre 2013, un site web accompagnera les femmes dans la création ou la reprise d’une entreprise. Objectif : faciliter ce qui peut aujourd’hui être un « parcours chaotique » selon Najat Vallaud-Belkacem, notamment grâce à la mise en œuvre de réseaux d’accompagnement. En parallèle les ministres ont à cœur de développer des réseaux féminins professionnels. Au cœur des discussions, le mentorat : Najat Vallaud-Belkacem souhaite voir plus de clubs de femmes dirigeantes aider de jeunes entrepreneuses afin de « mutualiser les bonnes pratiques ».
Autre nerf de la guerre : le financement. Bien souvent, les femmes ont plus de difficultés à bénéficier d’un crédit que les hommes : les ministères comptent sur des partenaires institutionnels pour lever ce frein. Pour que les femmes puissent partir avec la capitalisation initiale nécessaire, Bpifrance a ainsi annoncé envisager avec une « attention particulière » les projets féminins présentés, qu’il s’agisse de création, de développement ou de reprise d’entreprise. Un fonds expérimental partenarial sera également créé dans certaines régions qui pourra doter des projets d’un financement complémentaire pouvant grimper jusqu’à 35 000 euros. Le financement de droit commun ne sera pas en reste, puisqu’une charte a été signée en juillet 2013 avec la Fédération bancaire française pour promouvoir et développer l’entrepreneuriat féminin. Discrimination positive assumée ? Pourquoi pas, selon Najat Vallaud-Belkacem, qui préfère envisager la chose comme un « coup de pouce transitoire et utile ».
Ce Plan, qu’André Marcon voit comme une manière de « faire évoluer les têtes en même temps que les moyens », affiche des ambitions claires : gagner 10 points dans le taux des femmes entrepreneures. Présenté comme une « clé pour la compétitivité et l’emploi », il est également chargé de bénéfices pour l’économie française. En mai 2012, l’OCDE notait déjà que l’entrepreneuriat féminin est nécessaire à la création d’emplois, expliquant que « si le taux d’emploi des femmes était équivalant à celui des hommes, notre potentiel de croissance serait accru de 20 à 40% ».
D’où la volonté de faire changer les choses, et de trouver de nouveaux « role models ». Fleur Pellerin souligne qu'« en France, on a un problème traditionnel avec les entrepreneurs : on ne les retrouve pas au panthéon des personnalités préférées des Français, contrairement aux footballers ou aux chanteurs ». Et la ministre entend faire tourner la roue. Pour l’heure, si les objectifs sont atteints d’ici 2017, 82 000 entreprises devraient être créées.
Victoria Houssay
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