A quoi faut-il s'attendre ce 23 février, à la Cérémonie des César ? On s'interroge, alors qu'une prise de parole de Judith Godrèche est vivement attendue. Effectivement, nous apprend Libé, la comédienne et réalisatrice prononcera un discours sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma.
Une prise de parole qui devrait bousculer la sacrosainte soirée de Canal. Rappelons que Judith Godrèche a témoigné de violences physiques, sexuelles, psychologiques, sur plusieurs années, dont le cinéaste Benoît Jacquot serait coupable, et a porté plainte contre lui pour "viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans commis par personne ayant autorité". Mais elle a également dénoncé des agressions sexuelles dont serait coupable Jacques Doillon.
Mais à l'aube de cette remise de prix chère au cinéma français qui promet d'être... particulière, deux mots viennent aux lèvres des cinéphiles : Adèle Haenel. Deux autres, également : "la honte !".
Cette soirée prend place quatre ans après la nuit restée marquante sous l'intitulé des... César de la honte. On rembobine.
Le 28 février 2020, Roman Polanski, accusé de viols et d'agressions sexuelles par onze femmes, nommé 12 fois aux César, remportait la prestigieuse statuette de la Meilleure réalisation pour son film J'accuse. En réaction, Adèle Haenel décidait dès lors de quitter la salle. Et avec fracas.
Décochant, doigt levé, un "La honte !" sonore, l'actrice quittait alors l'assistance en compagnie de sa consoeur cinéaste, Céline Sciamma. Pour la "jeune fille en feu", récompenser Roman Polanski revient à "cracher au visage de toutes les victimes". Un geste ouvertement soutenu par son amie romancière, Virginie Despentes. Quelques jours plus tard, l'autrice signait une tribune tout aussi revendicative : "On se lève, et on se casse !".
Adèle Haenel accuse le réalisateur Christophe Ruggia d'attouchements et de harcèlement sexuel alors qu'elle était âgée entre 12 et 15 ans. Un âge qui revient également dans les témoignages médiatisés de Judith Godrèche. Une analogie qui n'a pas échappée à certains. Sur Twitter ainsi, les réactions abondent.
"Les César vont-ils enfin changer ? Les Polanski et autres Depardieu vont-ils enfin être bannis ? Adèle Haenel va-t-elle pour revenir et se rasseoir ? Il serait temps ! Bravo encore à Judith Godrèche !", "Je me souviens de la cérémonie de 2020 quand Adèle Haenel avait quitté la salle en dénonçant la mise à l'honneur de Polanski ! Les lignes bougent et c'est tant mieux!", "4 ans après Adèle Haenel, les César vont permettre que soit prononcé un discours sur les violences sexuelles et sexistes dans le cinéma ! On avance !", peut-on ainsi lire.
En parallèle, rappelons que Judith Godrèche vient de lancer une adresse mail. Les victimes d'abus peuvent lui écrire afin de témoigner. "Je suis là. Derrière cette adresse e-mail. Prête à vous lire et à réfléchir à un projet qui vous rend hommage. Quel que soit le milieu dans lequel vous avez été abusé(e)", a-t-elle précisé. Cette adresse email, la voici : moiaussijudith@gmail.com