En Chine, on s'inquiète sérieusement de la "féminisation" des jeunes garçons. Oui oui. C'est en tout cas ce que redoute le ministère de l'Education, comme nous l'apprend une enquête du New York Times. Le gouvernement déplorerait que les nouvelles générations n'admirent pas les militaires et autres mâles alpha. Le ministère de l'Éducation proposerait donc de mettre l'accent sur "l'esprit du yang" ou attributs masculins pour faire face à cette "crise de la masculinité".
"Beaucoup de jeunes garçons sont faibles, timides et efféminés. Il y a une tendance chez eux à la féminisation, qui met inévitablement en danger la survie et le développement de la nation chinoise", aurait déclaré le conseiller Si Zefu, comme le rapporte la BBC. C'est le même argumentaire que déploie le gouvernement : les jeunes Chinois seraient devenus trop "féminins" et il importe de "cultiver la masculinité des étudiants".
Comment ? En misant tout sur l'éducation physique, pardi. Le ministère de l'Education réfléchit déjà au fait de développer davantage d'activités sportives au sein de ses programmes éducatifs, comme le football, en engageant plus d'enseignants pour ce faire. Ou quand le patriarcat exprime au grand jour ses hantises...
Bon, en Chine, on ne parle évidemment pas de "patriarcat" mais "d'éducation équilibrée", comme l'indique la BBC : une éducation qui rendrait davantage hommage aux profils des "policiers, soldats et pompiers". Et l'on ne parle pas simplement de la disposition physique des jeunes garçons, mais aussi de leur "santé mentale". En somme, il s'agirait de corriger non seulement les corps mais aussi les esprits des enfants trop "féminins".
Tout un programme donc. Et qui ne suscite pas vraiment un enthousiasme démesuré du côté des voix citoyennes. "S'inquiéter du fait que les garçons ne sont pas assez 'masculins' est également une discrimination à l'encontre de l'expression du genre féminin", observe-t-on sur les réseaux sociaux nationaux, comme l'indique le site d'informations Republic World.
S'exprimer ainsi, c'est aussi privilégier des stéréotypes de genre archaïques au possible à l'heure où les nouvelles générations ne rêvent pas forcément de virilité à la Schwarzenegger. Et d'ailleurs, comme le rapporte la BBC, de nombreux commentaires sur la plateforme de médias sociaux Sina Weibo ont pointé du doigt des célébrités masculines chinoises, baptisées "little fresh meats" ("petites viandes fraîches"). Un mot qui fait référence aux jeunes icônes masculines chinoises, considérées comme lisses, sages, aux traits délicats, à l'instar du boyband TF Boys, du chanteur Lu Han ou de nombreuses stars de K-pop.
"La féminisation est-elle désormais un terme péjoratif ?", s'interroge un utilisateur de la plateforme sociale chinoise Weibo, recevant plus de 200 000 likes. Une vraie question.