Ne l'appelez plus Christine and the Queens, mais "Redcar". C'est à ce nom que répond aujourd'hui l'artiste de Saint Claude, qui a également fait de cet alias le titre de son nouvel album, Redcar les adorables étoiles, inspiré par la célèbre pièce Angels in America de l'écrivain américain (et prix Pultizer) Tony Kushner. Cet album est le fruit de deux ans de travail en compagnie du fameux producteur américain Mike Dean (Lana Del Rey).
Dans une longue interview au magazine Numéro, l'artiste, qui souhaite désormais être genré au masculin, a abordé une notion phare au sein de ce nouveau projet : le genre. Plus précisément, Redcar est revenu sur sa transidentité - l'on peut d'ailleurs voir le drapeau de la communauté trans accolé à sa bio Twitter.
Le chanteur voit là la finalité d'un long processus personnel et artistique. Il raconte : "Ce qui s'est déconstruit en moi quand j'ai compris un peu plus qui j'étais, je veux que cela me rende plus courageux, plus engagé".
Un processus dans lequel la danse a tenu un rôle important : "J'ai profondément investigué ma dysphorie de genre, qui a commencé vers mes 12 ou 13 ans, également pour mieux danser. Danser demande de se connaître soi-même, alors il fallait que je me connaisse mieux pour mieux danser. Parce qu'en tant que danseur, comme je n'arrivais pas à m'envisager pleinement dans mon genre, j'effectuais des mouvements comme si j'étais empêché de moi-même", explique Redcar.
"J'avais l'impression de danser de manière trop inélégante pour un corps de 'femme'. (...) Parfois, je suis en souffrance d'être qui je suis."
L'artiste décrit le déclic qu'a pu représenter le décès de sa mère dans sa transition. "Ça a été un choc tellurique. Je n'avais plus besoin de performer le peu de 'fille' que je pouvais performer, car si j'étais dans cette performance, c'était pour protéger les gens que j'aimais profondément et qui avaient eux-mêmes leurs blessures", confie-t-il.
"Depuis mes débuts dans la musique, je recevais des lettres de jeunes personnes trans qui me remerciaient, alors que moi, je n'avais pas compris ma transidentité. Je n'arrivais pas à dire ce que ma musique disait, très fort, depuis des années", relate Redcar, qui perçoit son avancée dans sa transition comme "une avancée dans la révolte".
Plus encore, Redcar perçoit cette libération comme "un combat, parfois cher payé dans ses isolements et ses souffrances". L'artiste voit dans cette transition la rencontre avec une "lumière intérieure" et avec "ce qui de soi peut grandir", et ce dans une société qui privilégie avant tout "une libération par l'image, la 'fame', et par l'argent".
En définitive, Redcar se dit indigné par "les injustices d'une société qui n'a pas été pensée sur des rapports d'égalité". C'est cette égalité-là que l'artiste désire aujourd'hui défendre à travers sa voix.