Le témoignage de Massica aurait engendré la suspension de Samir... Une suspension temporaire. Ce dernier serait cependant revenu au sein du collectif trois mois plus tard, à l'occasion d'une marche militante au sein de laquelle il a été invité à prendre la parole publiquement. "L'intérêt principal, c'est le combat pour Adama et mes frères en prison", aurait alors avancé Assa Traoré sur Whatsapp. En 2018, un autre membre du comité, Youcef Brakni, jugeait pourtant le comportement de Samir Elyes "incompatible avec nos valeurs".
"Je me suis vite rendu compte que c'était un homme ultra-violent et manipulateur. Pendant près de six mois, j'ai vécu un enfer", a témoigné auprès de Mediapart une autre victime présumée et militante, Line, relatant des violences qui remonteraient à 2014, ainsi qu'une situation d'emprise, "une mécanique qui inclut honte, culpabilité, oblige à se murer dans le silence". Violences psychologiques donc, mais aussi physiques.
Un jour, Samir Elyes lui aurait "mis une balayette pour [la] jeter au sol". "Quand je lui ai demandé pourquoi il m'avait frappée, il m'a dit qu'il n'avait pas fait exprès", développe Line auprès de Mediapart.
Sur les réseaux sociaux et au sein des militances, cette affaire fait polémique, suscitant un enjeu énoncé par le journal Libération : "Comment dénoncer des violences faites aux femmes sans être accusés de trahir son camp ?".
A Mediapart, Samir Elyes ne nie pas les violences relatées par l'enquête du site et explique : "Je ne suis pas dans le déni, ça s'est réellement passé. J'ai été violent, j'étais sous addictions pendant longtemps et cette période était très compliquée". Le militant affirme s'être éloigné du collectif depuis 2019.
Les victimes présumées, quant à elles, affirment vouloir "briser le silence pour qu'on cesse de fermer les yeux lorsque les violences sexistes sont commises par l'un des nôtres".