Société
"Pas vital" ? Des femmes réprimandées pour l'achat de protections hygiéniques
Publié le 1 avril 2020 à 12:53
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Plusieurs témoignages émergent sur les réseaux sociaux. Alors qu'elles étaient sorties se procurer des produits périodiques ou un test de grossesse, ces femmes se sont fait réprimander, voire verbaliser en plein confinement. La raison ? Leurs achats ne rentreraient pas dans la case "première nécessité".
Des femmes réprimandées pour l'achat de protections hygiéniques pendant le confinement Des femmes réprimandées pour l'achat de protections hygiéniques pendant le confinement© Adobe Stock
La suite après la publicité

Depuis le 17 mars, les mesures du confinement impliquent, à juste titre, que les sorties soient extrêmement limitées. On ne peut mettre un pied dehors pour faire une course que pour subvenir à ses "besoins de première nécessité", et toujours muni·e d'une attestation de déplacement dérogatoire dûment remplie. Dans le cas où l'on ne respecterait pas ces consignes imposées pour endiguer l'épidémie de Covid-19, on écoperait d'une verbalisation accompagnée d'une amende allant jusqu'à 135 euros. Un prix salé qui devrait nous dissuader de quitter notre foyer pour trois tomates non essentielles à notre survie, et c'est tant mieux.

Seulement, certains produits sont plus indispensables que d'autres. Et c'est notamment le cas des serviettes, des tampons et autres protections périodiques, qui permettent aux personnes menstruées de vivre leurs règles dignement. Pourtant, si l'on en croit les témoignages publiés sur Twitter, certains membres des forces de l'ordre ont eu du mal à comprendre l'urgence de l'achat. Plusieurs femmes ont ainsi partagé leur expérience, racontant qu'on les avait réprimandées, voire menacées d'une amende, alors qu'elles revenaient du supermarché produits hygiéniques à la main.

"J'ai demandé mon chéri de me ramener des serviettes hygiéniques lundi soir, il était en règle attestation, carte d'identité etc...", rapporte une internaute, dont le témoignage a été partagé par le collectif féministe Georgette Sand. "Mais il a reçu 135 € d'amende 'parce que si madame en avait vraiment besoin, elle a qu'à sortir les chercher elle-même'". Une autre s'indigne : "Je suis sortie acheter des serviettes hygiéniques et là, un flic m'arrête et veut me verbaliser parce que c'est pas "vital" ? Donc des gens qui font la queue sur 50 mètres pour des clopes, c'est ok, mais une nana qui veut acheter des tampons c'est un scandale ?".

Tests de grossesse et contraception aussi visés ?

Une autre a rencontré une situation similaire, venant d'une policière cette fois, alors qu'elle partait chercher un test de grossesse à la pharmacie. "Je suis tout à fait OK pour limiter au maximum nos circulations à l'extérieur et de nous contrôler pour qu'on les limite", écrit Anlya sur Twitter. "Mais par contre que la police estime que chercher un test de grossesse à la pharmacie n'est pas un motif de santé nécessaire, ça me pose question là". Pourtant, selon le Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France, "le suivi de grossesse est en effet essentiel et doit être maintenu", tout comme le recours à l'IVG.

Interpellée par l'association féministe Georgette Sand sur les réseaux sociaux, Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité femmes-hommes, a "confirmé" que, dans le cadre de déplacements exceptionnels et dérogatoires, un·e policier·e ne pouvait verbaliser l'achat de protections menstruelles. Elle a également publié un texte officiel, co-signé par Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, afin de préciser que "aucune femme en France ne peut être empêchée d'accéder à la contraception".

S'il est fortement recommandé de grouper ses achats et d'anticiper ses besoins afin de limiter au maximum ses déplacements, les produits hygiéniques restent un besoin de nécessité - et il arrive que l'on doive s'en procurer en urgence. Un fait qui, en 2020, cinq ans après la polémique sur la "taxe tampon", a encore du mal à rentrer dans les esprits.

Mots clés
Société menstruations News essentielles confinement Santé sexisme Covid-19
Sur le même thème
A Londres, les femmes noires sont davantage victimes de féminicides : pourquoi ? play_circle
Société
A Londres, les femmes noires sont davantage victimes de féminicides : pourquoi ?
29 mai 2024
Scientifique et militante, Claudia Sheinbaum sera-t-elle la première femme présidente du Mexique ?
elections
Scientifique et militante, Claudia Sheinbaum sera-t-elle la première femme présidente du Mexique ?
1 juin 2024
Les articles similaires
Lindsay Lohan méconnaissable et en bonne santé, ses fans attribuent le mérite à son mari play_circle
people
Lindsay Lohan méconnaissable et en bonne santé, ses fans attribuent le mérite à son mari
20 novembre 2024
"Quand j'étais harcelée, je m’enfermais dans ma chambre olympique et je pleurais des heures", témoigne la championne algérienne Imane Khelif play_circle
Société
"Quand j'étais harcelée, je m’enfermais dans ma chambre olympique et je pleurais des heures", témoigne la championne algérienne Imane Khelif
20 septembre 2024
Dernières actualités
“Quand sort la sextape avec le robot ?”, les photos de Kim Kardashian et son robot choquent play_circle
people
“Quand sort la sextape avec le robot ?”, les photos de Kim Kardashian et son robot choquent
13:30
"Alec Baldwin a tué ma fille" : ce western qui a causé un mort va vraiment être projeté (et la mère de la victime est scandalisée) play_circle
scandale
"Alec Baldwin a tué ma fille" : ce western qui a causé un mort va vraiment être projeté (et la mère de la victime est scandalisée)
13:00
Dernières news