Alors qu'une partie de la planète se mobilise pour confectionner des masques maison en tissu, certain·e·s font preuve d'une créativité qui sort du lot. C'est le cas de Mindy Vincent, travailleuse sociale américaine, thérapeute et fondatrice de la clinique UHRC (Utah Harm Reduction Coalition), qui s'occupe des personnes les plus vulnérables de l'Etat de l'Utah. Son initiative est partie d'un hasard de rapidité de livraison, détaille le médiaShape : alors qu'elle avait besoin de masques urgemment pour ses équipes, les modèles qui offraient la date de réception la plus proche étaient aussi recouverts de pénis. Elle n'a pas hésité longtemps, et a vite réalisé qu'il s'agissait d'un rempart efficace face aux rebelles de la distanciation sociale.
Les phallus de toutes tailles, couleurs et formes, imprimés sur le textile qui protège sa bouche et son nez - et surtout les autres de potentielles micro-goutelettes porteuses du virus qu'elle pourrait émettre - semblaient ainsi déceler celles et ceux qui n'avaient que faire des recommandations sanitaires. "Quand quelqu'un me dit qu'il y a des pénis sur mon masque, je lui fais savoir que c'est ainsi que je détermine que cette personne est trop proche", explique-t-elle sur Facebook, et aussi de : "Gentiment reculer."
Devant le succès de la publication, elle décide de lancer le #ProjectPenisMask pour rendre le concept viral - et ça marche. Aujourd'hui, ce sont d'ailleurs plus de 412 000 personnes qui ont partagé le contenu, dont nombreux·se·s ont commandé leurs masques à la clinique (au prix de 20 dollars entièrement reversés à l'établissement). Le produit est d'ailleurs actuellement en rupture de stock, mais devrait être à nouveau disponible dans les semaines qui suivent. Aux Etats-Unis, on compte plus de 582 000 cas infectés recensés, et 23 529 décès, selon le Center for Disease Control et Prevention (CDC), ce qui en fait le pays le plus touché.
Et comme égalité oblige, Mindy Vincent propose également des masques vagin, et seins. Des détails qui attirent l'oeil, sur un dispositif nécessaire qui peut aussi se fabriquer à la maison, grâce à des tutos pratiques trouvés en ligne. Il ne manque plus qu'à dénicher le motif souhaité, et à rester bien loin des riverain·e·s de notre quartier.
En France, le discours autour du masque et de son port par tous et toutes a récemment évolué. Alors qu'il était déconseillé aux personnes sans symptômes de s'en munir, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, a affirmé le vendredi 3 avril que "si nous avons l'accès à des masques, nous encourageons effectivement le grand public, s'il le souhaite, à en porter". Le but : limiter au maximum les voies de transmission. Plutôt que de se protéger soi, il s'agit de protéger les autres. Et les masques dits "alternatifs" (qui ne sont pas réservés aux soignant·e·s) à l'instar du modèle en tissu, seraient utiles pour empêcher la propagation de l'épidémie.
"Quel que soit le type du masque, c'est toujours beaucoup mieux que de ne pas avoir de masque", assurait ainsi le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes MG France, à Franceinfo. "Le masque est vraiment l'outil barrière de protection le plus efficace disponible dans la vie quotidienne". "Cela fonctionne si tout le monde en porte, et dans ce cas, un masque très basique suffit, car un bout de tissu peut bloquer les projections", indique à son tour le professeur KK Cheng, spécialiste de santé publique à l'université de Birmingham, à l'AFP.
De son côté, le CHU de Grenoble a mis à disposition tuto et patrons pour une confection maison de qualité. Et si la couture n'est pas votre fort, il y a toujours l'astuce ultra-rapide qui ne demande qu'un bout de tissu et deux élastiques.