La Société française d'hygiène hospitalière a réalisé une enquête qui fait froid dans le dos. Selon cette étude, dévoilée par nos confrères et consoeurs du journal Le Parisien-Aujourd'hui en France ce vendredi 26 octobre, le matériel utilisé dans les hôpitaux pour réaliser les échographies vaginales ne serait pas suffisamment stérilisé.
Basée sur de nombreux témoignages de patientes, l'étude décrit "une véritable problématique de santé publique". Et pour cause : la propreté des sondes laissant à désirer concerne pas moins de quatre millions d'actes médicaux par an.
Ce chiffre inclut les échographies par voie endovaginale pour les suivis de grossesse et les détections de pathologie gynécologique, mais également les examens rectaux pour diagnostiquer le cancer de la prostate chez les hommes.
Les patientes interrogées dans le cadre de cette enquête rapportent des faits inquiétants : l'une d'entre elles affirme par exemple avoir contracté le papillomavirus peu de temps après son échographie vaginale, tandis qu'une autre a carrément été "virée" d'un cabinet de gynécologie après avoir posé une question relative à la propreté de la sonde utilisée pour l'échographie.
Un constat alarmant, d'autant plus que rien dans la réglementation française n'impose de nettoyer le matériel entre deux examens médicaux. Actuellement, la "désinfection de niveau intermédiaire" est fixée à un nettoyage à la lingette par jour. La sonde est protégée par un bout de plastique à usage unique, destiné à être jeté à la fin de chaque échographie.
Le hic, c'est que la garantie que le capuchon en plastique bloque les bactéries n'est pas avérée à 100%. Ce risque de contamination concerne notamment le papillomavirus. "Aujourd'hui, il n'y a pas de lien avéré entre soins et contamination. Mais si un jour une corrélation est faite et que nous n'avons pas le bon niveau de sécurité, nous serons dans le scandale sanitaire. Le risque est bas, mais il doit être à zéro", détaille le rapport.
Pour le docteur Pierre Parnaix, président de la Société française d'hygiène hospitalière qui a dirigé l'enquête, la situation ne peut plus durer : "Quatre mois se sont écoulés sans annonce. Entre-temps, près de 1,3 million d'actes ont été pratiqués. Toute attente se fait au détriment de la sécurité des patients. La ministre doit siffler la fin de la récré".
"Comment accepter qu'un coup de lingette soit la norme ? C'est tout bonnement inacceptable", renchérit Alain-Michel Ceretti, fondateur de l'association Le Lien (Lutte Information Études des infections nosocomiales).
Le rapport de la Société française d'hygiène hospitalière a été remis à l'actuelle ministre de la Santé Agnès Buzyn en juin dernier.