Malgré les récents progrès observés dans les pays européens, l'égalité professionnelle est loin d'être atteinte, révèle un rapport réalisé par Glassdoor Economic Research et rendu public mercredi 18 mai. Établi à partir des données de l'OCDE et d'Eurostat, le rapport passe au crible les indicateurs de parité (taux d'emploi, salaire, coût de la maternité, taux d'accès aux postes à responsabilité) de 18 pays européens et des États-Unis.
Premier constat émis : tous les salariés ne sont pas égaux en matière d'égalité professionnelle. Alors que les pays scandinaves – Suède, Norvège, Finlande – font preuve d'exemplarité en matière de parité, certains pays d'Europe ont encore beaucoup à faire pour parvenir à l'égalité entre femmes et hommes au travail. Parmi eux, l'Italie et la Grèce, bons derniers sur l'accès à l'emploi.
Outre le pourcentage des femmes aux postes de direction et dans les conseils d'administration et l'écart du taux d'emploi femmes-hommes suivant le niveau d'instruction, le rapport Glassdoor Economic Research s'est intéressé à l'impact de la maternité sur la carrière des femmes et sur leur rémunération. Alors qu'une précédente étude américaine montrait que l'arrivée dans le foyer d'un enfant était bénéfique pour l'avancement professionnel des hommes, le rapport pointe ici le "coût de la maternité" que doivent payer les working mums.
Déjà défavorisées face aux hommes en matière de rémunération, les mères de famille le sont aussi face aux femmes sans enfant. Ce coût de la maternité est particulièrement élevé en Irlande, où la différence de rémunération entre les femmes ayant au moins un enfant et celles n'en ayant pas est de 31%. Il est aussi important en Allemagne (23%) où les femmes âgées de 25 à 44 ans sans enfants et travaillant à temps plein sont payés environ 2% de moins que les hommes. À titre de comparaison, les femmes de la même catégorie d'âge et ayant au moins un enfant perçoivent un salaire inférieur de 25%.
Et en France ? L'écart salarial entre femmes avec et sans enfants par rapport aux hommes est de 12 points ; il est de 14% au Royaume-Uni et de 13% en Autriche. Les États-Unis ne font guère mieux avec un écart de rémunération de 16 points entre les femmes ayant des enfants et celles qui n'en ont pas par rapport aux hommes. A contrario, certains pays s'en sortent bien : c'est le cas de l'Italie, de l'Espagne et de la Belgique où l'écart est de 3 points ou moins.
Dans The Fatherhood Bonus and The Motherhood Penalty, une étude parue en 2014, les chercheurs pointaient des raisons insidieuses car basées sur des préjugés encore fortement ancrés. Tandis que les hommes qui font l'expérience de paternité sont perçus par leurs employeurs comme des salariés exemplaires, modèles de stabilité et responsables, les femmes, au contraire, sont jugées plus susceptibles de se laisser submerger par leurs préoccupations familiales. "Pour les hommes, c'est simplement le statut de père qui élève le salaire alors que chez la femme, chaque enfant supplémentaire se traduit par une pénalité financière, constatait l'auteure de l'étude, Michelle Budig. Les employeurs peuvent percevoir la performance de leurs salariées qui sont mères de familles différemment... Si vous ne voyez pas une femme au bureau et que celle-ci a des enfants, alors vous supposerez peut-être qu'elle est en train de s'occuper d'eux."